mercredi 29 mars 2017

Légiférer en temps de crise ne veut nullement dire déconner

La Tunisie est en crise. Crise politique, économique, sociale, sportive, culturelle, structurelle, morale, identitaire, sectorielle, régionale et même parlementaire.
Membres du gouvernement, élus du parlement, partisans de partis politiques, société civile, experts, et même des étrangers de tous bords qui suivent l’actualité du pays , le disent, l’approuvent et en sont inquiets.
Gouverner en état de crise n’est nullement identique à gouverner en état de prospérité ou de stagnation.
Légiférer aussi.
Si on est en état de crise, légiférer doit subir certaines adéquations. La crise oblige la prise de décision rapide. Or le principe impose que légiférer ne rime pas avec célérité. La crise veut que le principe soit altéré.
Légiférer en état normal et vouloir un être « un bon législateur » impose une vue et une vision de stratège. Légiférer en état de crise impose une vue de tacticien et un choix de « chirurgien ».
Légiférer en état de crise impose des décisions rapides, des choix tactiques plutôt que stratégique et des options pas tendres.
Mais légiférer en état de crise ne veut nullement dire prendre n’importe quelle décision ou décider dans la précipitation n’importe comment.
Légiférer en état de crise c’est savoir « être visionnaire », savoir concevoir un texte de loi, savoir prédire toutes les sorties en cas de « verrouillage » et être un vrai « homme d’Etat ».
Pour se rendre compte si un Etat en état de crise est entrain de légiférer ou entrain de « déconner » il suffit de vérifier sa législation.
Le top : un texte adopté non encore entré en vigueur fait l’objet d’une volonté qu’il soit amendé, est une parfaite illustration que tout le monde est entrain de faire n’importe quoi.
Légiférer est un exercice de pouvoir qui est réservé aux femmes et aux hommes qui en sont capables.
Faire la politique est un exercice de manœuvre accessible à ceux et celles qui peuvent manœuvrer mais aussi, à ceux et celles qui peuvent être manœuvrés.

Etre capable de légiférer, c’est de comprendre l’intelligence de ceux qui veulent manœuvrer et l’idiotie qui sont manœuvrés et leur proposer un texte de loi qui épargne l’Etat de leur folie.

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