lundi 17 septembre 2018

Nouvelle Cartographie politique du Parlement Tunisien


Mise à jour au 17/9/2018
Après la déclaration officielle du nouveau groupe faite aujourd’hui même, la nouvelle cartographie s’annonce comme suivant :
Nahdha : 68 ; Nida : 47 (55) ; Alliance Nationale : 43 ; Front Populaire : 15 ; Horra : 13 (19) ; Watania : 12 ; Wala à la patrie : 10 (12) ; Non appartenant aux groupe : 9 (14).
·         Le nombre en parenthèse indique le nombre des élus à la dernière mise à jour des groupes avant clôture de la 4ème session parlementaire.
2 groupes ont disparu suite à cette nouvelle donne : Le Groupe UPL et le Groupe Watania (dont seul un député n’a pas rejoint le nouveau groupe).
2 questions restent à résoudre :
La première consiste à se demander si les élus faisant partie de groupes encore existants et  ayant rejoint le nouveau groupe doivent démissionner formellement de leurs groupes ? la Réponse est Oui.
La deuxième a trait à la composition des structures de l’ARP :
Parti
nombre
Sièges en commission
Postes de président de commission
Sièges au Bureau
Nahdha
68
7
3
3
Nida
47
5
2
2
Alliance
43
5
2
2
Jabha
15
2
1
1
Horra
13
1
1
1
dimocratia
12
1
1
1
wala
10
1
0
0

Bien entendu, cette cartographie reste aléatoire en attendant la date butoir du 1er octobre 2018.
Rappel des majorités requises :
Absolue : 109.
2/3 : 145
3/5 : 131
La majorité relative est de 73 requise pour les lois ordinaires et autres points de règlement.
Il est à noter que le nouveau groupe est supposé constituer une majorité de gouvernement. Pour y arriver, il doit passer par des étapes nécessaires  au bon fonctionnement du groupe surtout que le 1er examen sera celui de la loi de finances.

samedi 8 septembre 2018

Nouvelle Cartographie politique parlementaire


Le 7 Septembre 2018, 33 élus ont annoncé la création d’un nouveau groupe, parlementaire appelé « Alliance Nationale » ou « Alliance patriotique ».
Cette annonce a touché 6 composantes de l’ARP.
C’est une occasion pour comprendre le sens de l’annonce, son timing, ses impacts et les éventuelles manœuvres attendues.

Création du nouveau groupe

Le groupe a été annoncé durant une conférence de presse et les documents de sa création ont été publiés sur les réseaux sociaux.
L’article 35 du Règlement intérieur de l’ARP dispose que le groupe est constitué après dépôt de déclaration auprès du secrétariat de la présidence. Chose faite.
L’Annonce officielle de la création du groupe doit se faire en principe durant la plénière qui suit le dépôt de la déclaration, mais elle se fera durant la plénière du 16/10/2018, date décidée par le bureau de l’ARP (on verra après si c’est bien vu ou non ?)
Mais le 2ème paragraphe du même article dispos que cette déclaration contient le nom du groupe, la liste de ses membres, leurs signatures ainsi que la désignation de son président et son vice-président.
Formellement, le groupe a encore un délai jusqu’au 30 septembre pour ajouter un document devant être joint à la déclaration initiale précisant son Président et son Vice-Président.
Pourquoi le 30 septembre ?

Point de référence pour organiser l’ARP

Durant sa réunion du 26/7/2018, le bureau a pris des décisions importantes mais controversées.
D’abord, il a décidé que le 1er octobre sera la date de référence pour établir la situation des groupes afin de répartir les sièges et responsabilités au sein de ses instances. C’est bien.
Il a même fixé les détails et calendrier de cette mise en place : le 4/10/2018 réunion du bureau avec les groupes pour fixer quota des sièges et responsabilités au sein des structures ARP et le 15/10 les détails de cet accord seront fixés définitivement. Et Le 16 octobre, une plénière sera tenue pour annoncer la nouvelle structure de l’ARP. C’est PARFAIT.
Sauf que, le même bureau durant la même réunion, a décidé que la nouvelle session parlementaire 2018/2019 sera ouverte le 2/10/2018 et des plénières seront tenues les 2 et 3 octobre 2018.
Dans ce cas 2 incohérences majeures :
1-   L’annonce du nouveau groupe ou des nouveaux groupes parlementaires ainsi que tous les changements concernant la situation des élus doivent être annoncés à la première plénière suivant ces actes et faits.
Ainsi, on ne doit pas attendre le 16/10. Mais c’est le 2/10 que tout doit être annoncé. Et que doit-on annoncer le 2/10/2018 ?
Beaucoup de choses : création d’un nouveau groupe ; disparition d’au moins 2 groupes (UPL et Watania) et départs concernant 3 autres groupes.
2-   On entame la nouvelle session avec l’ancienne structure de l’ancienne session. C’est inconcevable. La composition du bureau ainsi que les commissions seront affectées par la nouvelle donne. (on n’est pas à l’abri de nouvelles bouleversantes de l’ARP avant le 1er octobre).

Quel impact de la nouvelle donne du nouveau groupe ?

D’abord, sur la cartographie politique

l’ARP en fin de 4ème session ordinaire présentait la cartographie suivante :
Groupe
Nahdha
Nida
Horra
Jabha
Démocratique
Wala
UPL
Watania
reste
Total
Nombre
68
55
19
15
12
12
12
10
14
217
Mais par l’annonce en vacances parlementaires du nouveau groupe, l’ARP sera (éventuellement en attendant les nouvelles manœuvres*) vraisemblablement comme suivant :
Groupe
Nahdha
Nida
Alliance
Jabha
Horra
Démocratique
Wala
UPL
Watania
reste
Total
Nombre
68
54
33
15
13
12
10
12
10
12
217
Comme vous le constatez, 2 groupes vont disparaitre, au lieu de 9 groupes on aura seulement 7 mais le nouveau groupe prendra la 3ème place.
Et ce n’est pas sans conséquence.
Venons aux quoteparts des uns et des autres dans les sièges et responsabilités.
Groupe
Sièges au bureau
Présidence de commission permanente
Poste de rapporteur
Sièges en commission
Nahdha
3
3
3
7
Nida
2
2
2
6
Alliance
2
1
1
4
Front populaire
1
1
1
2
Horra
1
1
1
1
Watania
1
1
1
1
Wala à la patrie
0
1
1
1
Mais faut faire attention.
Au Bureau, Nahdha a en ralité 4 sièges (poste du 1er vice-président non comptabilisé) ; Alliance en a 3 (Poste du second vice-président) et Nida en 3 (Poste du Président).
Les groupes Nida, Alliance et Horra totalisent 100 élus.
Le Groupe wala à la patrie (avec 10 élus) et les non adhérents aux groupes (12), un total de 22 pèseront désormais beaucoup sur les prises de décisions au sein de l’ARP.

A Quoi faut-il s’attendre ?

A beaucoup de manœuvres d’ici le 30 septembre.
Vu de près, la situation n’arrange personne sauf le groupe Nahdha qui a désormais beaucoup de champs de manœuvres par rapport à la session écoulée.
Avec le nouveau communiqué du parti Nida tounes d’aujourd’hui*, les alliances « logiques » deviennent utopiques.
·      * Communiqué du Parti Nida ici

(Mise à jour:
http://acharaa.com/ar/360256
http://acharaa.com/ar/360256 )
ça bouge furtivement



mardi 4 septembre 2018

Corruption en matière d’hydrocarbures : Synopsie d’une mauvaise gestion d’un secteur mystérieux.


Cette semaine du 27/8/2018 au 02/09/2018 a été marquée par cette mesure prise par le chef du gouvernement Tunisien, Youssef Chahed, de limoger 2 membres du gouvernement chargés des énergies et certains hauts responsables de l’Etat liés au même secteur pour cause de suspicion de corruption.
Plusieurs personnalités ou partis politiques se sont montrés très critiques vis-à-vis de ces mesures. Ils estimaient que ce sont des mesures de propagande !!!
Plus comble et plus ironique, une bonne majorité en parle sans réellement connaître les dessous et l’historique de la question. Encore pire, le débat s’est cantonné en « avec » ou « contre » Le Chef du Gouvernement.
On a raté une bonne occasion de remettre le débat sur l’article  13 de la constitution et son historique ; comprendre les dispositions du code des hydrocarbures ; saisir comment entre article constitutionnel et disposition législative, la philosophie du législateur a été dénaturée ; savoir pourquoi le gouvernement subit une telle attaque et, enfin, avoir une idée de l’importance de nos richesses naturelles.

Teneur et portée de l’article 13 de la Constitution:

L’article 13 de la constitution dans sa version finale n’existait pas en aucune version des drafts de la nouvelle Constitution Tunisienne. Il n’existait même pas avant 2 ou 3 jours de l’adoption finale de la Constitution.
C’est l’élu Mohamed Chafik Zarguin, élu non appartenant à aucun groupe, qui tenait à une disposition constitutionnelle traitant des richesses naturelles et du contrôle parlementaire là-dessus. Sa proposition se fondait sur de sérieuses présomptions de corruption et de mauvaise gestion touchant le secteur des énergies et spécialement des hydrocarbures.
Le draft de l’article 13 a été rédigé dans le hall des pas perdu de l’assemblé.
Il faut savoir que derrière Med Chafik Zarguin y avait une autre vingtaine d’élus qui tenaient à une telle disposition. A cette époque, on voulait s’assurer de l’adoption de la nouvelle Constitution par une majorité des 2/3 et fallait donc « satisfaire » cette bonne vingtaine d’élus.
La proposition a été finalement acceptée et différée devant la commission des consensus qui s’est finalement accordée sur la rédaction finale de l’article 13.
Cet article doit être décortiqué :
Dans son 1er paragraphe, il annonce le principe : les richesses naturelles sont la propriété du Peuple Tunisien.
Le 2ème paragraphe consacre le contrôle parlementaire sur les « Contrats d’investissement » ou contrats d’Etat.
Au sein de la commission des consensus, on avait le choix entre « Contrats d’investissement » ou « contrats d’Etat ». La commission a finalement opté pour « Contrats d’investissement » au sens du droit international privé par référence à la jurisprudence d’arbitrage du commerce international (investissement).

La portée du contrôle parlementaire

Le 2ème paragraphe de l’art 13 de la Constitution est clair. Pour les contrats d’investissement, ils doivent être différés devant la commission parlementaire compétente non pas pour adoption ou approbation mais pour permettre au Parlement d’en être informé et mis en position d’exercer son pouvoir de contrôle.
Pour ces contrats qui devraient être approuvés par une convention, celle-ci doit être approuvée par l’ARP. C’est en application de l’article 65, paragraphe 1er tiret 9  de la Constitution. En réalité, on visait les contrats d’investissement international. La philosophie du Constituant était simple : Le gouvernement ne peut pas engager l’Etat tunisien sans accord du parlement en matière d’investissement international.
Malheureusement, cette philosophie a été dénaturée par le code des hydrocarbures.

Codes des hydrocarbures et dénaturation de l’article 13

Le code des hydrocarbures, ou même le code des investissements n’ont pas repris la philosophie du constituant.
La raison est simple : les membres de la commission des consensus (et ses travaux préparatoires) ont été complètement ignorés par les autorités chargés de l’action normative post constitution.
Une autre raison : Les lobbys du secteur ont bien pesé pour ne pas adopter cette philosophie.
L’affaire de la licence exploitation objet de la polémique en est une illustration.

Situation irrégulière ou corrompue ?

Le privilège « Menzel » est soumis à une convention signée le 20/1/1979 pour une durée de 50 ans. Donc, échéance prévue en 2029.
Le code des hydrocarbures datant du 17/8/1999 précisait dans l’article 48 que les contrats d’exploitations ont une durée de 30 ans. En principe, ce contrat devrait avoir pour échéance l’an 2009.
Les articles 2, 3 et 4 précisaient que le code ne s’applique pas rétroactivement à l’exception des entreprises qui en formulent la demande d’en bénéficier.
Effectivement, Le bénéficiaire de cette exploitation a opté pour le code des hydrocarbures. Du coup, la durée de licence finissait en 2009 au lieu de 2029.
Depuis 2009, personne n’a bougé le doigt. Comptez les gouvernements qui se sont succédés avant révolution ou après.
Il est inéluctable que la situation depuis 2009 est entachée d’irrégularités.
Alors pourquoi se montrant-on hostile à la mise à nue de cette situation ?

Pourquoi attaque-t-on le Chef du Gouvernement ?

Limoger 2 membres du gouvernement, un PDG et de hauts responsables du secteur était un acte très spectaculaire.
L’action du Chef du gouvernement coïncidait avec une polémique entamée par ses adversaires et visant à le dissuader de se présenter aux élections 2019.
Donc, au lieu de porter le débat sur la bonne gouvernance du secteur des énergies, le débat s’est orienté vers la mise en cause du bien-fondé des actes du chef du gouvernement.
En réalité, la polémique cache beaucoup de non-dit.
1-               La corruption ou la mauvaise gouvernance a ses défendeurs.
2-               Le lobby qui règne sur le secteur des énergies est fort et omniprésent dans les rouages de l’Etat pouvant même discréditer toute action à son encontre.
3-               Le Lobby des hydrocarbures est un potentiel financier des campagnes électorales pour 2019.
4-               « L’appartenance » sectorielle ou familiale des membres du gouvernement compte plus que leur appartenance partisane ce qui présente un vrai paradoxe dans une démocratie théoriquement parlementaire.
5-               Enfin, et c’est le plus important, dans toute crise aigüe de l’Etat, le parlement est souvent mis à l’écart.

Un contrôle parlementaire voué à l’échec ?

Les vacances parlementaires n’auraient pas dû empêcher l’ARP de se saisir du dossier et d’ouvrir une enquête voir même une mission d’information pour revoir la bonne gouvernance du secteur des énergies.
Hélas ! rien ne s’est fait.
Pire encore, des députés se sont mis des uns contre des autres non pas par analyse du fond de la question, mais plutôt par position quant au Chef du Gouvernement.
Plusieurs secteurs sont connus du tout le monde comme étant des secteurs présentant un manque manifeste de bonne gouvernance, de transparence et de traçabilité. Ces secteurs sont : les énergies, l’environnement, les terres domaniales et les banques.
Aucune action parlementaire s’exerçant dans le cadre du contrôle n’a affecté ces secteurs mentionnés.
Encore une fois, ce sont les médias qui se sont emparés de la crise pour orienter le débat la concernant vers une orientation ABSURDE et voulue.