lundi 23 octobre 2017

Le Parlement Tunisien est-il capable de discuter le projet de loi de finances ?

A priori, Non. A moins que…
Pourquoi a priori non ?
La raison est simple : la loi de finances est une des lois les plus compliquées (à côté des lois de propriété intellectuelle).
Non seulement le texte des articles est compliqué, mais aussi son exposé de motifs.
Pourquoi faut mentionner cet élément ?
Tout simplement pour se rendre compte que le Parlement Tunisien n’est pas une Assemblée élitiste. Elle n’est pas composée de fiscalistes chevronnés ou de financiers confirmés.
Pour que les élus puissent discuter et « négocier » la loi de finances, ils doivent être habilités à comprendre le sens des dispositions, leurs impacts et leurs significations.
Malheureusement, aucune action ne se fait dans ce sens. Et même si des « actions » se font, elles ne sont pas « innocentes ».
La première chose à faire pour une loi de finances, c’est vulgariser ses dispositions pour qu’elle soit accessible à l’opinion publique.
Malheureusement encore, l’administration du Parlement tunisien est incapable de le faire, non pas pour incompétence, mais surtout pour difficultés d’accès à l’information.
Pire encore, la société civile qui devrait jouer un rôle dans ce sens, tombe dans le lobbying et la défense des intérêts de groupes de pressions. Des élus même, y prennent part. Ainsi, rarissime que tu trouves une ONG ou un Think Tank qui a une vision globale et détaillée du projet de loi de finances.
Certes, le parlement tunisien est démuni des moyens et des données. Mais il est responsable aussi de son inertie.
Cette inertie se manifeste surtout par son absence d’action en tant que demandeur d’information.
Je prends comme exemple le projet de loi de finances 2018.
L’ARP a-t-elle demandé une étude d’impact sur les dispositions fiscales adoptées en faveur du secteur des assurances vie ? du secteur agricole ? de la prise en charge par l’état des charges patronales vis-à-vis des caisses sociales ?
La discussion du projet de loi de finances nécessite 56 jours (du 15 octobre au 10 décembre).
Les 56 jours (constitutionnels) sont prévus pour discuter un projet de loi de finances, non pour l’étudier.
L’étude d’un projet de loi de finances se fait en amant par ces études d’impacts et de suivi d’exécution des lois de finances précédentes. Elle ne se fait pas en aval.
Je répète sans cesse, que le Parlement Tunisien, depuis 2011, ne cesse de répéter la même erreur : il examine (sans discuter ni négocier) le projet de loi de finances, tout en ignorant complètement l’examen, la discussion et la négociation du budget de l’Etat.
Certes, le parlement Tunisien n’est pas composé d’éminents fiscalistes ou financiers pour le critiquer sur sa procédure d’adoption de la loi de finances, mais la présence de juristes manifestement respectable n’explique pas cette horrible confusion entre loi de finances et Budget de l’Etat impliquant une ignorance du ce dernier.
En conclusion, le parlement Tunisien est incapable de « discuter » tout projet de loi de finances, tant qu’il n’a pas à dispositions : des rapports d’impacts des mesures fiscales précédentes relayées souvent ; des vulgarisations des dispositions et des vulgarisations « indépendantes, honnêtes et scientifiques » des dispositions du projet de loi.

Pour y arriver, ce ne sont pas de simples décisions des instances du parlement (Bureau et autres), mais un vrai amendement du Règlement Intérieur qui assure l’efficacité de telle procédure. 

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