mercredi 30 janvier 2019

Elections membres ISIE : Le forcing du Consensus


Avec un retard de plus d’une année, la plénière de l’ARP a réussi un miracle : élire les 3 membres de l’ISIE lors de sa plénière du 30 janvier 2019.
Pour y arriver, les groupes parlementaires se sont mis d’accord autour de 3 candidats en appliquant la règle du consensus.
Il n’empêche qu’au début de la plénière, une technique bizarroïde inventée pour la 1ère fois a soulevé une relative contestation.
Il faut comprendre l’origine de la crise pour expliquer un peu de ce qui est passé aujourd’hui.

Synopsie :

L’ISIE (Instance Supérieur et Indépendante des Elections) est entrée en crise depuis la démission de son Président élu Chafik Sarsar suite à une crise aiguë au sein de son conseil justement après renouvellement du tiers de ce conseil.
L’ARP a procédé au renouvellement du tiers et a élu un nouveau Président issu du nouveau tiers élu chose qui n’a pas plu aux anciens.
Pire encore ; juste après leurs élections, des membres du nouveau tiers se sont trouvés concernés par le renouvellement partiel du second tiers et le tirage au sort a touché certains d’entre eux.
La crise s’est aggravée et le Nouveau Président, se trouvant isolé, n’a pas trouvé mieux que se démettre du poste du Président.
Et voilà que toute cette crise de l’ISIE s’est « transportée » telle qu’elle à l’ARP qui a été appelée à trancher.
D’une Crise de l’ISIE à une crise au sein de l’ARP. En effet, les groupes parlementaires ne se sont pas mis d’accord pour la résoudre.
Ainsi, les groupes Nahdha et Nida (majoritaires à cette époque) voulaient que le Parlement procède en premier lieu à l’élection du Président de cette Instance et assurer le renouvellement du tiers après, chose que refusait le reste des groupes.
Nahdha et Nida n’étant plus en « justes noces », forcer la décision était impossible. Et la crise dura plus d’une année.
Entre temps, Nahdha s’est convolée en justes noces avec le nouveau groupe parlementaire issue du Nida « La Coalition Nationale » et tenait à ne pas imposer sa loi. Elle a de ce fait accepté la démarche proposée consistant à élire en 1er lieu les 3 membres pour choisir par la suite le Président.
Pour pérenniser cet accord, les présidents des groupes l’ont qualifié de « Consensus » et s’y sont engagés solennellement et publiquement.

Le Consensus

Suffit-il un consensus ?
Non.
Le consensus sur les candidats à la Cour Constitutionnelle n’a pas été respecté et tout le monde se méfiait les uns des autres.
Il faut rappeler que la technique du Consensus n’est pas contraire aux règles du droit parlementaire et elle n’est pas propre au Parlement Tunisien mais c’est la Commission des consensus qui a été critiquée dans le sens qu’elle n’est pas prévue par le règlement intérieur.
Dans la plénière du 30 janvier, ce consensus a été à l’origine d’une petite polémique rapidement dépassée. Les enjeux d'une telle plénière étant d'une importance capitale, tout était permis



La violation du Règlement intérieur

En début de plénière, les élus se sont rendus compte que le cachet de l’ARP apposé aux bulletins de vote n’était pas uniforme à tous les bulletins de vote.
En effet, pour chaque groupe, le cachet a été apposé dans un angle spécifique permettant d’identifier le bulletin de vote quant à son groupe source.
La raison est simple : pour s’assurer qu’aucun groupe ne se rétracte quant au consensus, certains ont pensé qu’il serait utile d’identifier le groupe récalcitrant en cas d’échec d’élection et de le dénoncer.
La confiance règne.
Pour être plus précis, la « méthode » visait spécialement les groupes Nahdha (qui voulait élire d’abord le Président) et Nida (accusé de ne pas vouloir tenir des élections en 2019).
D’ailleurs, c’est un élu du Groupe Nida qui a dénoncé cette démarche.
Une autre élue du même groupe a fait la même objection


Le Président du groupe Nida est venu apporter son soutien aussi
Mais pour le président du groupe Front Populaire (1er groupe de l’opposition) l’opinion est diamétralement opposée
Alors qu’en est-il réellement ?

La justification du choix implique la violation ou non du Règlement

 Que disent les textes d’abord ?
L’art 34 de la Constitution dispose que le droit d’élection, le scrutin et la candidature sont garantis par la loi.
L’art 61 quant à lui dispose que le vote au sein de l’Assemblée est personnel.
Et c’est dans ce sens que le règlement intérieur a affiné cette disposition comme suivant :
Article 16 : le vote des candidats est secret.
Article 17 : le scrutin au sein de l’Assemblée se fait par des bulletins spéciaux et des enveloppes uniformes portant cachet de l’ARP.
Article 19 : est nul, tout bulletin portant des signes pouvant identifier l’élu.
Il est clair que le Règlement intérieur, cherchant à assurer la confidentialité du vote, a imposé 2 règles élémentaires : l’uniformité du support et le cachet de l’assemblée.
Or, apposé un cachet de manière non uniforme aux bulletins de vote en fonction des groupes concernés apporte une violation manifeste du règlement intérieur et il serait insensé d’apporter une interprétation strictement formelle à l’art 17 limitant l’obligation aux enveloppes.
En affectant des bulletins en fonction des groupes il est trop facile d’identifier un élu appartenant à un petit groupe ou non appartenant à aucun groupe. Et ce bulletin est nul et non avenu.
Justifier la démarche par le consensus est un non-sens voire même un sens trop Con.

Est-il possible de justifier la démarche ?

D’après mon avis, très modeste, Oui.
Il faut chercher la justification dans l’intérêt général ou l’ordre public.
Assurer le renouvellement du tiers de l’ISIE c’est garantir la tenue des élections en 2019 et par là-même, assurer l’intérêt général car à défaut, le pays peut sombrer dans une situation dangereuse.
La jurisprudence Tunisienne a tenté de considérer que la règle procédurale ne doit pas en aucun cas anéantir le fond des droits que dire quand il s’agit de l’ordre public et l’intérêt général de l’Etat.
Un seul élu a fait allusion à cette justification sans pour autant la bien développé : Salem Labiedh (du groupe démocratique, opposition)
Si on a bien argumenté l’adoption d’une démarche contestée par un bien fondé de l’intérêt général, on aurait évité toute une polémique.
Reste à savoir maintenant si recours pourront y avoir contre cette plénière.



mercredi 23 janvier 2019

5 ans après l’adoption de la Nouvelle Constitution : l’ARP assure une médiocre commémoration caricaturale.


Le soir du 26 janvier 2014 et dans un moment historique, L’ANC a adopté la nouvelle Constitution Tunisienne, celle de la deuxième République.
Je garde toujours cette hommage :

Cette Constitution a été violée le lendemain même de son adoption.
Comment ? Par le changement de sa date.
C’est la Constitution du 26 Janvier 2014 et non du 27 Janvier 2014.
Pour l’histoire, comment est venue cette date du 27 ? Par une idée parachutée qu’il faut la faire signer par les « 3 Présidents ».
Pour l’histoire, Ali Laarayedh, du parti Nahdha, était un Chef du Gouvernement démissionnaire et le vrai légataire de cette honneur aurait été Hammadi Jebali.
Ensuite, Moncef Marzouki, Président temporaire de la République, n’avait rien à voir avec cette Constitution.
Bref.
Après les élections de 2014, l’ARP n’a pas fêté la journée du 26 janvier ni même celle du 27.
Par magie et durant sa dernière session, L’ARP s’est rappelée qu’on est déjà à 5 ans de l’adoption de la Constitution. Et a décidé de lui consacrer une plénière pour le moins qu’on puisse dire : laide, médiocre, maigre, froide, débile et indigne d’une ère post révolutionnaire.
Je vous laisse parcourir le programme :

Le Titre trompeur : Une plénière exceptionnelle

Il n’y a pas dans le Règlement intérieur de cette notion de plénière exceptionnelle. C’est vrai que ce type de plénière figurait dans l’avant-projet du règlement intérieur de l’ANC mais ça n’a pas été retenu.

D’ailleurs, en parcourant le programme, on se trouve dans un « séminaire » ou un « colloque ». Allez comprendre. Sommes-nous en plénière ou en colloque ?

La fausse date : le 28 !!

Une institution qui se respecte et fête un évènement qu’elle respecte, elle le fait au jour J et non au Jour J+2. C’est un détaille certes, mais significatif. On aurait dû le faire un 26 janvier. Hélas ! et ça donne une idée de la partie qui a planifié.

La liste des intervenants : Les Figurants et les Acteurs

Les figurants

La Dévalorisation du Président de l’ARP

Quel honneur a-t-on attribué pour le Président de la 1ère Assemblée de la nouvelle Constitution pour parler de la nouvelle Constitution ? prononcer un mot introductif !!!!
Plus dégradant et dévalorisant que ça n’y en a pas.
Qui est le mieux placé pour parler de cette constitution après 5 ans de son adoption et 5 ans de son application ? Le Président du Parlement.
On lui ote la parole et on lui assigne un rôle de figurant.
LAMENTABLE

Un Historien pour faire une narration

En méthodologie juridique, l’histoire et l’historique constituent une phase introductive cruciale et capitale pour introduire la problématique et la développer ensuite.
Et en Tunisie, nous avons des professeurs en droit qui connaissent bien notre histoire Constitutionnelle depuis l’ère Berbère à nos jours.
Ce ne sont pas les bienvenus.
On a choisi de faire appel à un narrateur qui n’aura aucun esprit critique ou comparatif constitutionnel.

La liste des derniers intervenants

Une des techniques connues dans la « communication » la recommandation disant « celui que tu veux occulter, relègues-le en fin de de séance ».
Chose faite en ce programme.
Les 2 constituants représentant l’opposition durant cette ère Constituante ont été programmé en fin de séance : Fadhel Moussa et Mongi Rahoui.
Pire encore, en 15mn chacun, on leur a attribué de parler des acquis et non acquis du dispositif Constitutionnel (F.Moussa) ou d’étaler les droits sociaux-économiques de la Constitution 2014 (M.Rahoui) !!
Pour Avoir la conscience tranquille j’ai appelé un membre du Bureau de l’ARP pour savoir si ce programme a été discuté pleinement au sein du bureau. Il m’a informé par hasard que l’intervention de M.Rahoui a été ajoutée en dernière minute suite à la contestation du Front Populaire.
Ridicule.
Mais qui a planifié toute cette « fête » ??
Cherchons les acteurs d’abord

Les Acteurs

Pour déterminer les acteurs, il faut chercher les absents.
Les vrais acteurs d’après ce programme sont : Mr Habib Khedhr (qui parlera de vision et process), Mme Farida Laabidi (qui parlera des droits et libertés) et de Amor Chetoui qui évoquera la séparation des pouvoirs.
Si personne ne peut contester l’apport technique et fondamental apporté par H. Khedher et Mme F.Laabidi au processus Constitutionnel,  l’apport de Mr A. Chetoui est fortement contesté et contestable.
Ce Monsieur a mis en péril tout le processus Constituant.
Pour l’histoire, le comité mixte de rédaction de la Constitution et la Commission des Consensus a révisé tout le travail de la Commission qu’il a présidait.
La question intrigante : l’ANC avait 6 commissions Constituantes. Pourquoi seulement 3 d’entre eux sont présents dans ce programme alors que 3 autres non ?

Les Absents

Commençons du bas vers le haut

Les Présidents des Commissions Constituantes

Mr Sahbi Atig (Nahdha), Pdt de la commission principes généraux et préambule a été ignoré. Mr Imed Hammami (Nahdha), Président de la Commission Collectivités Locales, ignoré aussi. Mr Jamel Touir (Takattol ensuite Harak), Président de la Commission des instances constitutionnelles indépendantes a été ignoré aussi.
Les exclus justifient le choix des acteurs.

La Société Civile

C’est le fond de la pensée de la « partie » qui a concocté ce programme. Cette société civile n’existe pas.
Vous-vous souvenez de l’ère Constituante ? qui a réellement fait le poids ?
Cette société civile n’est pas la bienvenue même si on lui fait savoir le faux-sourire.
Non seulement c’est honteux, mais c’est révélateur de ceux et celles qui veulent faire croire qu’ils sont avec la société civile. Ils MENTENT.

Les Chefs du Gouvernement

Quelle autorité aurait la capacité de « juger » la Constitution et « évaluer » son travail au vue des nouvelles normes constitutionnelles que le gouvernement (en plus du Parlement) !!
Aucun Chef du Gouvernement n’a été cité. Ni Mehdi Jomaa, Ni Habib Essid ni Youssef Chahed ont été conviés à apporter leur témoignage !!!
Lisez entre les lignes et vous allez avoir une idée de qui aurait cette délicatesse de ficeler ce programme.

Le Président de la République

Premier garant du Respect de la Constitution, le Président de la République Tunisienne n’est pas invité à cette commémoration !!!

Le Conseil Supérieur de la Magistrature

Ne pas inviter la Magistrature est une omission ?

Les Instances Constitutionnelles Indépendantes


Ni l’ISIE, ni la HAICA, ni l’INLUCC !!!

La Nouvelle Majorité

Le plus grand absent de cette journée est certainement la nouvelle majorité issue des élections 2014.
Les Nouveaux élus de 2014 ont été sèchement ignorés et dévalorisés. Ils n’ont rien à dire. Seul rôle qu’ils puissent faire : Assister et applaudir.

Conclusion

Cette ARP est-elle digne d’évaluer la Constitution 2014 ?
NON.

mercredi 16 janvier 2019

De l’ordre, au chaos passant par le désordre.


Certains ont qualifié ce qui s’est passé aujourd’hui à la plénière de l’ARP de Honteux.
Mais je ne suis pas du même avis. C’est attendu. Heureusement qu’on n’a pas vu pire.
I-                      Le Contexte
Cette plénière a été programmée à la veille d’une grève générale décrétée par la centrale syndicale UGTT et touchant le secteur public et la fonction publique suite à l’échec des négociations avec le Gouvernement.
Elle vient aussi 2 jours après la date du 14 janvier, fête de la révolution Tunisienne.
Elle vient aussi suite à une plénière « ratée » du 15 janvier 2019.
II-                  Plénière et Ordre du Jour
Une plénière ça se planifie et avant qu’elle soit fixée, plusieurs paramètres doivent être pris en considération. Ces paramètres sont d’ordre intrinsèque et extrinsèque.
C’est après que tout ceci est considéré que son ordre du jour est arrêté. Et c’est la tâche la plus délicate à accomplir.
Pour une plénière imprévisible il faut un ordre du jour symétrique comportant dans chacun de ses points inscrits des angles de sortie.
Ça été toujours un point faible de cette ARP et le restera. Cette plénière a été mal planifiée autant que son ordre du jour, médiocre soit-il, ne comportait aucune porte de sortie.
III-              Signes avant-coureurs
Une plénière tenue le 15 janvier, soit au lendemain de la fête de la révolution, ne comportant aucun point relié à cet évènement, est une défaillance manifeste de prévoyance.
Et pourtant, un élu l’avait mentionné : Ammar Amroussia

Si on a manqué de prévoyance le 15, récidiver le 16, la veille d’une grève générale, ne peut être que fatale. Et c’est ce qui est passé
IV-             Points d’ordre et ordre du jour
La plénière a commencé avec son rythme habituel : le retard, une présence pas réjouissante et un ordre du jour très formel sans « issues de sorties ».
L’article 110 du règlement intérieur (R.I) précise que la plénière est ouverte par l’annonce de son ordre du jour.
Et ce n’est pas pour rien.
Un ordre du jour n’est pas seulement un texte, mais surtout et essentiellement un « timing » qui va orienter la plénière sur son point de départ et son point d’arrivé, que ce soit en matière de débat ou en matière d’horaire.
Donc, il fallait annoncer l’ordre du jour et attendre le feedback de la plénière pour le soumettre au vote.
Et quand un ordre du jour est très bien étudié, il ne faut pas attendre la plénière à réagir, mais faut la devancer en demandant si un groupe voulait proposer un ajout de point.
Toute proposition est alors soumise au vote. Le vote mettra fin à toute contestation.
Encore plus, cette technique facilitera l’application de l’article 117 du R.I régissant l’invocation des points d’ordre.
Ça n’a pas été fait.
Les points d’ordre soulevés vont fusiller la plénière et la sauter.
D’ailleurs, on va assister à des multitudes de « points d’ordre » bizarroïdes.
V-                 Point d’ordre presque parfait :
Dès l’ouverture de la plénière, Ahmed Seddik, Président du groupe Front Populaire (de gauche) a soulevé un point d’ordre en rapport avec le projet de loi en cours de discussion.
Il a évoqué durant son intervention plusieurs irrégularités procédurales et certaines confusions touchant les concepts (quorum, voix / réunions conjointes de structures… etc)

VI-             Points d’ordre imprécis
Après, s’en est suivi 2 autres interventions : une de Salem Labiedh et l’autre de Samia Abbou. Ces 2 élus ont évoqué la question de la grève générale du secteur public mais ils ont exprimé une demande un peu imprécise : la convocation du gouvernement et l’UGTT, par le Président de l’ARP.
Ils auraient dû proposer un amendement de l’Ordre du jour pour ajouter une audition au gouvernement et à l’UGTT ou soumettre à la plénière une proposition de tenir une séance de discussion avec ces 2 parties. Ils ne l’ont pas fait. Ce n’était pas un point d’ordre.
VII-         Point d’ordre hors sujet
Dans l’euphorie, un élu du groupe Nahdha, Lakhdhar belhouichette, a évoqué un point d’ordre hors sujet :

Le Président tentant de lui souligner l’illégalité de son intervention, n’a pas tenu bon à lui retirer la parole car elle n’avait aucun rapport ni avec le projet de loi en cours de discussion ni avec le contexte du débat. 2 autres interventions ont suivi le même sens.
C’est l’hémorragie, ou le début.
VIII-     Point d’ordre honteux
Bien entendu, quand on part dans le mauvais sens, on ne peut que s’attendre au pire. Le pire n’a pas tardé.
Tebbini a parlé

Même si le Président de l’ARP a fait usage du retrait de la parole à cet élu, il l’a fait tard et n’a pas été avisé que la plénière est en train de prendre une autre tournure.
En donnant la parole au Président du premier groupe parlementaire, Mr Bhiri, il a ouvert la voie au dérapage.

IX-             Le point d’ordre de responsabilité
Après avoir donné la parole au président du 1er groupe parlementaire (par le nombre d’élus), le Président a continué à s’écarter de la liste d’intervenants qu’il a lui-même annoncé en donnant la parole au président du groupe alliance nationale, Mr Mustapha Ben Ahmed, groupe lié au chef du gouvernement.
Ce président, a fait rappeler au Président les dispositions du R.I, et in fine, lui a fait imputer la responsabilité de la confusion qui commence à régner.

X-                 Le Président réagit
Le Président de la séance ne pouvait pas ignorer la tension au sein de la plénière. Ses conseillers, non plus. La meilleure solution était de suspendre la plénière et de convoquer Bureau et Présidents des groupes à une réunion d’urgence.
Ça n’a pas été fait. L’ordre du jour ne prévoyait nullement des issues de sortie en cas « d’incendie ».
Au lieu de remettre les clés de la solution à la plénière et atténuer la tension par le vote, il annonce une solution qui va encore énerver les esprits

Et en face de la contestation, il s’énerve

Alors que tous les signes indiquent que la plénière dérape, aucun conseil n’est venu pour « lever la plénière ».
Le chaos n’est plus à éviter
XI-             Le chaos s’installe
Devant une telle anarchie de gestion de plénière, l’élu Jilani Hemmami, du groupe Front National, n’a pas trouvé mieux de contester la décision du Président de la plénière que de protester devant même le pupitre de la Présidence, chose invitant des agents de la garde présidentielle, chargée de la protection du Président de l’ARP, à s’interposer : Une première dans l’histoire parlementaire Tunisienne à voir un agent armé accéder à l’Hémicycle.


XII-         Les images chocs
Bien entendu, les choses ne sont plus contrôlables. Et la tension a monté de plusieurs crans.
Nous ne sommes pas arrivés à des scènes où des élus se tabassent en pleine plénière mais on était à un point.
Mais il faut quand même remarquer un truc. Un élu qui ne respecte pas son président du groupe, on le mettant par terre.


Conclusion :
Quand on programme une plénière, il faut savoir programmer et bien ficeler son ordre du Jour.

mercredi 2 janvier 2019

Perspectives parlementaires en 2019 : Echec annoncé et planifié ?


Le 26 Janvier 2018 j’avais écrit à propos du Bilan législatif et Constitutionnel 2012-2017 impliquant l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) et ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) et j’avais conclu que ce bilan n’était pas satisfaisant (pour ne pas dire désastreux) compte tenu d’un Etat post révolutionnaire constitué autour d’une nouvelle Constitution appelé à réaliser, dans un environnement démocratique inédit, les aspirations du peuple Tunisien.
Pas besoin de dresser le bilan de l’ARP durant les quatre premières années de sa législature.
Il suffit de mettre les 7 chapitres de la Constitution devant soi et tenter de savoir ce qui a été réalisé et mis en œuvre de tout ce dispositif constitutionnel, dispositif devant impliquer théoriquement, au moins, de rendre ce pays un paradis d’Eden.
Hélas, le Pays ressemble plus à un Enfer que sa jeunesse et ses compétences le fuient avec un esprit « sauve qui peut ». C’est dramatique et tristement ressenti.

L’ARP est-elle responsable de cet échec ?

Tout dépend de l’analyse qu’on fasse de cette ARP : l’institution ou ses composantes.
L’institution, et contrairement aux jugements et évaluation des uns et des autres, a réussi et même mieux que l’ANC. Cette réussite est appréciée par rapport à un angle de vue très étroit à savoir le « jeu » démocratique constaté durant ses travaux que ce soit au niveau de ses commissions ou au niveau de ses plénières.
Durant 4 ans, cette ARP nous a offert pleines de manœuvres procédurales, politiques et constitutionnelles inédites en histoire politique tunisienne ou en droit parlementaire Tunisien présentant une meilleure manifestation de l’exercice démocratique de la vie politique en Tunisie.
C’est ingrat de nier à cette ARP tout mérite pour la consécration d’une jeune démocratie en pleine recherche d’efficacité sachant que la scène médiatique est devenue de plus en plus orientée, canalisée et même exclusive ou interdite à certaines orientations partisanes ou idéales.
C’est effectivement cette efficacité que l’ARP n’a pas réussi à atteindre et à réaliser. La cause est certainement inhérente à des facteurs internes et externes.

Un échec voulu et planifié ?

L’échec de cette ARP est un échec planifié et voulu. C’est mon opinion personnelle et j’en suis de plus en plus convaincu.

Facteurs internes

Premiers responsables de cet échec, les composantes internes de cette ARP.
Premier responsable de l’échec de l’ARP, le parti gagnant des élections de 2014 : Nida Tounes.
Ce parti a dupé non seulement ses électeurs, mais surtout ses élus car il n’avait aucune vision de gouverner. Pour preuve, les élus du groupe parlementaire Nida Tounes se sont trouvés durant presque 4 ans livrés à eux même dépourvus de toute assistance. Conséquence : ils ont été manipulés à tort et à travers et le groupe parlementaire n’a jamais réalisé une manœuvre politique digne de citation.
Deuxième responsable, peut-être, est le parti Nahdha et son groupe parlementaire. N’ayant pas « mis les bouchées doubles » les élus Nahdha ont laissé Nida Tounes se diriger droit au mur. Il ne faut les en vouloir car ils ne sont pas tenus de concourir au succès d’un parti rival qui s’est tant flatté de les avoir battu et vaincu.
La Nahdha n’a jamais pardonné le fait d’être exclue du pouvoir un 9 janvier 2014 qu’elle considérait légitimement mandatée par les élections 2011.
Troisième responsable sont les élus eux même, toutes tendances confondues. Une grande majorité des élus ARP se sont comportés comme représentants de leurs partis, secteurs, régions et même tribaux plutôt que représentants du peuple, et ce en violation manifeste de la Constitution.
Preuve à l’appui, inquiétante et manifeste : il suffit de visionner les interventions en fonction de l’art 118 du Règlement intérieur et faire le scan de la liste pour vérifier s’ils ont intervenus sur la base d’intérêts nationaux !

Facteurs externes

Le premier responsable est inéluctablement le Président de la République et son équipe du palais (depuis Janvier 2015) qui se sont comportés à la mode « Zaba » refusant la nouvelle donnée constitutionnelle les cantonnant à un rôle secondaire.
En intervenant dans le processus de formation du gouvernement, le Président de la République et son équipe (qui a tenté à maintes reprises de contrôler le groupe parlementaire) ont ébranlé l’ARP et semé le trouble dans le processus constitutionnel et parlementaire du fonctionnement de l’Etat.
Profitant de ces « troubles » et « faiblesses », les lobbies « sectoriels » et même « mafieux », deuxième responsable, se sont permis de s’introduire dans la vie parlementaire via élus, sociétés civiles, médias et « experts » accrédités pour imposer des choix socio-économiques pesant lourdement sur l’image de l’ARP.
Bien entendu, les médias, troisième responsable, n’ont pas manqué à un trouble jeu de mettre la pression pour toujours induire l’ARP en erreur et la pointer de doigt comme étant le pire des maux.
Finalement, l’ARP s’est trouvée au premier rang du banc des accusés.
Pourrait-elle s’en sortir ?

L’ARP et la meute 2019

En 2019, l’ARP ne fera pas mieux qu’en 2018.
Les facteurs sont toujours internes et externes.
Internes d’abord, la pathologie sera toujours la même : une cartographie politique très hétérogène et extrêmement disparate.
Premier signe alarmant, l’essoufflement de la « coalition nationale » avant même annonce de son passage au cadre partisan. La majorité pro gouvernementale reste fragile et fébrile. Mauvais signe pour cette ARP.
Deuxième signe, la majorité prend de l’ampleur avec comme preuve ce recours pour non constitutionnalité de la loi des finances 2019 signé par un nombre record des élus avoisinant les 80 élus.
Troisième signe très intéressant, l’attitude du parti Nahdha. Il veille à ce qu’aucune force significative alternative ne prenne forme. Autant les forces politiques restent disparates et faibles, autant que sa main mise sur le parlement soit assurément garantie.
La Nahdha vise sérieusement à gouverner, et seule, dès 2019. Si elle a bien étudié sa « vision », elle pourra y demeurer pour des décennies.
Externes ensuite, et ce sont des facteurs plus dangereux, les assoiffés du pouvoir qui émergent de partout et de nulle part.
Aucun « expert » en sciences politiques (nous n’en avons pas) ne s’est attardé sur le comportement du Tunisien en matière électorale (après 2 élections 2011 et 2014).
Le tunisien est-il raisonnable et rationnel devant les urnes ?
Non.
La preuve : Al Aridha en 2011 et Nida en 2014.
Par effet des médias, les Tunisiens (dans leur majorité) pointent la classe politique actuelle de doigt et lui font assumer la pleine responsabilité et sont tentés de modifier le suffrage par un choix inédit et inattendu. Seule la Nahdha en sortira indemne par effet d’allégeance de sa masse électorale.
Autre donné inquiétante : le Tunisien ne fait plus confiance aux médias tunisiens. Par susceptibilité, le Tunisien pourra facilement sanctionner, et sévèrement, les plus médiatisés.
Conséquence apeurante : des inconnus du peuple pourront se trouver au sommet de la scène et on ne sait jamais ce qu’ils veulent faire ou en sont capables d’accomplir.
Un fait certain : une machine occulte est en train de travailler pour créer la surprise en 2019.
Un fait inquiétant : toutes les structures de l’Etat sont en train de commettre des conneries pour pousser le tunisien à choisir éventuellement un scrutin pour cette « machine ».
Conclusion : Faut faire moins de conneries possibles en 2019 pour en avoir mois de cons en 2020.