jeudi 10 septembre 2020

Groupes, coalitions et fronts parlementaires pour la session 2020-2021

 Avant l’entame de la seconde session parlementaire 2020-2021, des fuites sur un éventuel nouveau paysage politico-parlementaire sont relayées par les médias et non démenties par les uns et les autres.

Mais ce qui est déclaré est souvent en marge de ce qui existe réellement.

Le front parlementaire est un mensonge

Le front parlementaire est une situation de fait ponctuelle. Elle se crée souvent à l’occasion d’un vote spécifique et se disparait immédiatement après.

En Tunisie, le front populaire est une expression détournée qualifiant un échec de plusieurs groupes ou députés de former un seul groupe parlementaire.

Pour rendre cet échec occulte on fait passer le message que les pourparlers visent la création d’un front et c’est un mensonge.

Les Groupes parlementaires : l’éternelle instabilité.

Il est évident qu’on assistera au début de la session 2020-2021 ou durant, à plusieurs démissions et adhésion touchant plusieurs groupes aboutissant à la disparition de certains d’eux ou à l’affaiblissement de certains d’autres.

A l’exception du groupe Nahdha, les autres groupes restent menacés par des défections qui peuvent leur faire très mal.

Et l’un des facteurs qui favorisera ces explosions et implosions des groupes sera certainement l’effet des coalitions.

Coalitions parlementaires : Typologie

Il y aura 3 types de coalitions.

1)                 Une coalition pour gouverner et elle regroupe actuellement et à priori les Groupes Nahdha, Qalb Tounes et Karama.

Cette coalition pourra être renforcée par l’adhésion de certains élus non appartenant à des groupes ou par des élus dissidents d’autres groupes.

A moins d’un fait majeur, cette coalition pourra garder sa stabilité durant la session. Mais dire qu’elle restera jusqu’à la fin du mandat parlementaire 2019-2024 est un pari très aléatoire.

2)         Une coalition pour faire l’opposition :

Le truc le plus paradoxal dans la cartographie politique parlementaire tunisienne est qu’on arrive difficilement à cerner qui est vraiment dans l’opposition.

Plusieurs groupes seront classés dans l’opposition par un simple calcul mathématique des voix accordées pour et contre le gouvernement.

Ainsi, comme pour le front parlementaire, la coalition de l’opposition sera factuelle, instable et imprécise.

3)         Coalition en chevauchement : l’opportunisme

C’est la situation de plusieurs élus ou groupes qui garderont une position en chevauchement entre vouloir gouverner et vouloir faire l’opposition.

C’est une situation que verra venir plusieurs élus de la 1ère coalition déçus. Mais aussi de certains élus de la 2ème coalition en phase de passer à la 1ère.

C’est cette populace parlementaire qui pèsera fortement sur plusieurs votes de l’ARP

 

mercredi 9 septembre 2020

Il n’y aura pas de stabilité politique en Tunisie

 Non, il n’y aura pas de stabilité politique en Tunisie pour une bonne période (décennies peut-être).

S’il faut prier pour une chose, il faut prier pour ne pas arriver à des périodes sanguinaires et douloureuses.

Je me rappel très bien que durant les 6 premiers mois de l’ANC au moment où les commissions constituantes étaient en cours de discuter le projet de la Constitution, plusieurs politiciens et experts de l’Europe de l’Est venus donner leurs témoignages sur la transition démocratique dans leurs pays, nous ont vivement averti et alerté : l’ancien régime tentera de revenir et il pourra réussir ; la mafia et les lobbies tenteront de peser sur la vie politique et économique et pourront réussir. Et que la population lassée par la pauvreté et la misère pourra ne plus suivre ou aider aucun esprit révolutionnaire.

Après 10 ans de la révolution, la Tunisie est arrivée à une situation plus critique que celle déconseillée par les politiciens et experts ci-dessus cités.

Il est évident que les clans mafieux et les lobbies corrompus ont bénéficié d’une période de répit durant janvier 2011- Décembre 2011.

Encore plus évident, ils ont tiré profit de la médiocrité de la classe politique qui a gouverné en 2012 et 2013. Une classe molle et amatrice.

Pourtant, entre 2014 et 2019 on aurait pu limiter les dégâts si on avait légiféré dans le bon sens : loi des partis, loi électorale, loi des associations, loi de la banque centrale, loi sur le change, loi des sociétés commerciales (nationales et internationales) et tant d’autres lois pour cerner le cadre d’action de ces lobbies et ces clans.

Hélas !

La situation s’est empirée et ces cercles de pouvoir occulte ont réussi à mettre la main définitivement sur la vie économique, politique et médiatique.

Et ils ont compris que pour régner, il faut que le pouvoir politique et le cadre partisan soit disparate, fragile, mou, faible, arriviste, débile, sans scrupules et incompétent.

Et ils réussissent leur stratégie.

Et ils ont pris le dessus sur l’Etat.