mardi 24 décembre 2019

Le Piège

Le feuilleton de la « formation du nouveau gouvernement » post élections 2019 prend une tournure parfois ridicule parfois inquiétant.
La question que se pose tous les tunisiens : Qui mène le vrai jeu pour former le nouveau gouvernement ?
La réponse est venue peut-être du porte-parole du parti Nahdha sur les ondes de Radio Shems fm en dévoilant que c’est le Bureau politique du parti qui a décidé de mettre fins aux pourparlers avec les partis politiques pour former le gouvernement et d’opter pour un gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Bien entendu, la « guerre » que se livrent les « rivaux » politiques se fait via les médias qui jouent un rôle important pour faire passer les messages codés les uns aux autres, d’une part, et pour faire de la propagande électorale en vue d’une éventuelle élection anticipée, si le Président de la République en décide après 4 mois d’échec.
En réalité, tout le monde piège tout le monde. Et tout le monde se trouve piégé.
Le piège s’est dessiné depuis l’annonce des résultats des élections législatives 2019 où plusieurs partis avaient déclaré qu’ils seraient dans l’opposition tout en mettant la pression sur le parti Nahdha, gagnant des élections sans avoir obtenu une majorité lui permettant de gouverner en solitaire.
La Nahdha, voyant venir le plan de ses rivaux directs et indirects, n’a pas tardé à manœuvrer en proposant au Président de la république, une personnalité « incognito » de la scène politique tunisienne pour former le nouveau gouvernement.
Par ce choix, la Nahdha a épargné à ces « Stars » de ne pas subir ni la pression de formation du gouvernement ni le prix d’échec d’en former un tout en gardant la mainmise sur les manœuvres politiques.
Preuve de cette mainmise, Habib Jemli, candidat proposé pour former un nouveau gouvernement, a passé un mois en pourparlers inutiles, folkloriques, incompréhensibles et même débiles. Recevant des « personnes » sans poids politiques ni valeur académique confirmés, ses rencontres ont fait l’objet d’anecdotes des tunisiens et des blagues des réseaux sociaux. Par ce fait, la Nahdha a atteint son 1er objectif : Ridiculiser la personne et la rendre vulnérable.
Ensuite, La Nahdha a voulu jouer sur le facteur « Temps » en acculant ses adversaires au seuil de la limite de leur patience. Dire oui puis se rétracter ; accepter puis vouloir renégocier ; ne pas répondre ; tout donner (par la main droite) et tout reprendre (par la main gauche) …etc.
En acceptant de revenir aux négociations, les Partis « Tayyar » et « Chaâb » se sont trouvés piégés. À l’instant même où ils ont dit « Oui », ils ont mordu à l’hameçon.
Cette fois-ci, contrairement aux partis CPR, Takattol, Nida, Afek ou autres ayant mordu à l’Hameçon, « Tayyar » et « Chaaâb » ont refusé de céder aux manœuvres du parti Nahdha et ont décliné l’offre de participer au gouvernement tout sens savant qu’ils jouent gros.
La Nahdha lit très bien la cartographie politique parlementaire et extra parlementaire. Elle sait très bien que durant une autre année, aucun parti politique ne peut la détrôner de sa 1ère place au parlement. Donc, elle est prête pour des élections anticipées. En revanche, la majorité des autres partis ne le sont pas.
Et c’est pour cette raison qu’elle a décidé de jouer à « quitte ou double » en mettant fin aux négociations et d’opter pour un Gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Et c’est peut-être son plan dès le départ !
Le vrai problème de la Nahdha ce n’est ni « Tayyar » ni « Chaâb » ni autre. Son vrai problème c’est Kais Saïed, le Président de la République dont elle craint qu’il prenne l’initiative politique soit en réussissant à former une « majorité présidentielle » au parlement soit en créant son propre parti (dont certaines sources estiment qu’il sera probablement créé dans les 6 mois à venir, soit avant les éventuelles élections législatives).
Tant que la Nahdha ne sera pas au palais de Carthage, elle sera toujours craintive des pouvoirs du palais présidentiel.
D’ailleurs, elle reste euphorique de sa réussite de faire échouer « Carthage2 » sous le règne de BCE et sa mise en « quarantaine », aidée par des « figures symboliques de la « gauche » (Massar) et de personnalités syndicalistes.
La tactique de la Nahdha semble viser 2 coups en un : fragiliser les partis montants et affaiblir le Président de la république.
Il est évident que tout le monde ayant voulu piéger ses rivaux s’est trouvé piégé par ses propres agissements, la Nahdha y compris.
Mais en fin de compte, c’est la Tunisie qui est le seul gibier dans cette course aux leurres.
Le seul piégé sans solution de sorties c’est le Peuple Tunisien.

dimanche 15 décembre 2019

Rendez le Parlement au Peuple


Le parlement sud-africain a mis en place un modèle du parlement pour la participation du public (PPM) par lequel il a initié un programme intitulé « Amener le Parlement au Peuple ».
L’idée se fonde sur la considération que la participation du public est un processus de communication bidirectionnelle dont le but est d’obtenir de meilleurs décisions législatives plus acceptable et d’influer sur les processus décisionnaires qui reflètent « la volonté du peuple ».
En parcourant les composantes de ce programme et sa mise en œuvre, je me suis posé la question si le Parlement Tunisien (ANC et ARP) reflétait réellement la « volonté du peuple ».
Le Dispositif Juridique
La Constitution :
Le 4ème paragraphe du préambule dispose que le régime républicain est un régime démocratique participatif dont la souveraineté revient au peuple et que réalisant « la volonté du peuple » pour qu’il soit maître de son histoire, les constituants ont adopté la Constitution du 26 juin 2014 (derniers paragraphes).
Au 1er chapitre, les articles 2 et 3 énoncent que la volonté du peuple est l’une des 3 composantes de l’Etat (en plus de la citoyenneté et la suprématie de la loi) et que le PEUPLE est le détenteur de la souveraineté et la source de tous les pouvoirs.
Et l’article 50 finit par annoncer que « Le peuple exerce le pouvoir législatif via ses représentants ou par référendum ».
Le Règlement intérieur
L’article 20 énonce clairement que chaque membre de l’ARP est représentant du peuple entier. (Disposition que les constituants ont refusé de l’insérer dans la Constitution).
L’article 76 affirme le principe que les réunions des commissions sont publiques. L’article 103 fait de même pour les Plénières.
Enfin, l’article 43 stipule qu’une semaine par mois est réservée aux élus pour prendre contact avec les citoyens et les régions.
Conclusion : Notre Constitution place le peuple et sa volonté au-dessus de tous les pouvoirs, y compris le parlement. Ces pouvoirs doivent servir le peuple et ses intérêts « légitimes ». (Énoncés principalement par des dispositions du chapitre 1er et tout le 2ème chapitre).
Tout est là : des parlementaires représentants du peuple tout entier ; des parlementaires qui vont mensuellement aux citoyens et aux régions ; des réunions et des plénières ouvertes au public et un DEVOIR de légiférer pour l’intérêt du peuple.
Une Pratique décevante
1er constat depuis la législature 2014-2019 : tout le dispositif cité ci-dessus a été bafoué, altéré, violé, massacré, banalisé et même ridiculisé.
Le mandat impératif
La plupart des démocraties modernes ont interdit le mandat impératif. (exp : En France, le mandat impératif pour les membres du parlement est interdit par l'article 27 de la Constitution ).
Étrangement, cette interdiction a été méconnue par les parlementaires tunisiens et jamais soulevée comme objection de part et d’autres.
On a assisté, et à plusieurs reprises, que des élus défendent bec et angles ou soutiennent aveuglement des amendements qui servent les intérêts des secteurs dont sont issus (avocats, magistrats, agriculteurs, industriels, concessionnaires de voitures, SICAV, marchands pétroliers, promoteurs immobiliers…).
Pire encore, plusieurs élus et même des groupes parlementaires ont, par ignorance ou par volonté de signer un amendement, fait passer des amendements à des lois de finances servant des intérêts « louches » ne servant aucun intérêt national ou populaire.
Le comble, c’est qu’on a réussi à faire adopter une loi servant les intérêts d’une tribu violant les principes élémentaires de la loi dans sa généralité et impersonnalité.
Les lobbies
Profitant de l’anarchie régnant quant à l’accès au parlement et à ses enceintes, des « groupes de pressions » ou « des pouvoirs occultes » en ont profité pour faire passer via des élus, des groupes parlementaires ou même d’une partie de la « société civile » qui a élu domicile à l’ARP, des amendements servant exclusivement leurs propres intérêts.
 Les ONG internationales
Elles ont pratiquement mis la main sur l’ARP.
Leurs offres de financement pour plusieurs activités ; leurs offres de voyages d’études pour plusieurs élus (et subsidiairement des fonctionnaires) et leurs choix presque exclusifs et restreints des « experts » qu’elles proposent aux élus, leur ont permis de « peser » sur les choix de certains élus et même leurs votes.
Le vote n’est plus pour servir le peuple, mais devenu un vote pour mettre en œuvre des « choix » et des « orientations » qui n’ont rien avec la volonté du peuple telle qu’exprimée par le texte constitutionnel.
Le caractère public des réunions
Les citoyens ont-ils vraiment un libre accès aux plénières du parlement ou aux réunions de ses commissions ? NON.
L’accès au parlement (ARP) est devenu un « privilège » exclusif et restreint de certains « privilégiés ».
Aucune politique d’ouverture au grand public n’a été mise en place par le parlement Tunisien pour permettre à de simples citoyens d’assister à ses travaux.
En outre, le parlement n’a jamais mis en place un système de diffusion en direct de ses travaux pour toucher un grand public.
Pire encore, la diffusion en direct de ses plénières via sa chaine YouTube a été interrompue depuis le début de cette nouvelle législature 2019-2024.
Elus de partis et non de peuple
Les élus sont en principe élu en fonction des programmes présentés par leurs partis au peuple Tunisien.
La règle veut que ces élus obéissent à ces programmes.
Hélas, plusieurs élus ont fait « allégeance » aux leaderships de leurs partis plutôt qu’aux principes et objectifs fixés par les programmes électoraux de leurs partis. Ils ont même changé d’appartenance à leurs groupes ou leurs partis pour opter à des « orientations » diamétralement opposées et contraires aux fins pour lesquelles ont été choisies.
Des élus ont fait preuve d’une arrogante ignorance et défiance quant au devoir de respecter « la volonté du peuple ».
On peut passer des mois à citer des cas et des faits prouvant cet amer constat.
La Conclusion : le Parlement n’est plus une assemblée d’élus, mais plutôt une assemblée de « personnes ».
Obligation : Rendre le Parlement au peuple
Ce n’est plus un acte de ramener, mais plutôt un acte de rendre. Car c’est une question de « Restitution » d’un dû.
Et le peuple est en quête de chercher qui lui rend son dû. Et dans sa quête, il tente parfois des voies inédites, incertaines, inconnues et qui pourront s’avérer dangereuses pour le pays.
Les partis politiques et les groupes parlementaires doivent s’attarder sur cette question et penser sérieusement à trouver les meilleures solutions pour y remédier.
Pour rendre le parlement au peuple, des solutions immédiates doivent être apportées dont notamment :
Obligation de légiférer pour le peuple
Cette obligation implique plusieurs démarches dont spécialement :
-       S’assurer de la qualité et de l’efficacité de la loi en optant pour des études de fiabilité, efficacité et impact des mesures sur la vie des citoyens.
-       Instaurer un mécanisme efficace pour le suivi de l’application de la loi
-       Mise en place d’un système de communication direct avec les citoyens quant à leur réactivité vis-à-vis des projets de lois et autres questions soumises au parlement.
-       Donner une vraie valeur ajoutée à la « semaine des régions » en préconisant des réunions de commissions, des activités parlementaires ou même des « plénières virtuelles ».
-       Interdire le « mandat impératif » et inciter les élus et les groupes à « justifier » et « fonder » oralement et en séance publique leurs propositions ou leurs amendements et les rendre responsables « politiquement » et « pénalement » de tout acte servant un secteur sans justification de servir l’intérêt national.
-       Mettre fin à cette mascarade des interventions selon l’art 118 qui rend cette Assemblée une assemblée d’élus de régions et de tribus.
Et pour finir, pour rendre cette Assemblée au Peuple, l’Opposition doit jouer son rôle pour défendre le PEUPLE et non pour faire mordre la poussière à la majorité.
Rendre le Parlement au peuple passe avant tout par faire comprendre aux élus leurs missions et leurs devoirs ; cantonner les ONG internationales dans leurs missions et les « caser » dans leurs cadres appropriés ; élargir le contact avec les citoyens et la société civile tunisienne ; s’assurer de la fiabilité de la législation et, surtout, Ouvrir le parlement au Peuple.
Au Parlement, Il n’y a pas de VIP.


lundi 9 décembre 2019

برلم يا برلمان


بعد أحداث الخبز في جانفي 1984، القى الشاعر آدم فتحي قصيدة استهلها بعبارة "بَرْلٍمْ يا برلمان". وكانت قصيدة هزلية تجاه موقف مجلس النواب التونسي من تلك الأحداث ألقاها على ما أعتقد (كان ما خانتنيش ذاكرتي) بكلية الحقوق والعلوم السياسية بتونس بفضاء Amphi I
في الحقيقة اتصلت بصديقي جمال المقدمي للتثبت وأفادني أنه فعلا تم تنظيم "يوم الشهيد" بكلية الحقوق وحضر فيها كل من آدم فتحي و الأزهر الضاوي واللي غنّى الأغنية الشهيرة "يا شهيد" ولكنّه لا يستحضر القصيدة. ورغم البحث اللي عملتو، لم أجد لها أثر.
بقطع النظر عن كلمات القصيدة ومن ألقاها، المهم أن "التبرليم" أو "البرلمة" تعني أن يقوم المجلس النيابي أو البرلمان بالعمل خارج سياق المرحلة.
واستحضاري للقصيدة هاذي، مردّه اطلاعي على إنجازات المجلس الحالي اليوم بالذات. طالعت خير مفاده تكوين لجنة تحقيق بخصوص حادثة "عمدون".
وآنا نطالع في الخبر، استحضرت أحداث نهاية الأسبوع الماضي في ولايتي القيروان وسيدي بوزيد. كيما استحضرت خبر سمعتو اليوم الصباح في إذاعة موزاييك من تفادي كارثة وذلك بتفطّن قائد القطار اللي جاي من توزر باتجاه تونس وناقل للمسافرين من وجود صخور موضوعة على السكة واللي كانت بالإمكان تتسبب في انقلاب القطار.
وآنا نطالع في خبر تكوين لجنة التحقيق، استحضرت أزمة المالية العمومية، والديون الخارجية، ومخاطر إفلاس الدولة، والتهرّب الجبائي، والبطالة، وارتفاع الأسعار، وتطور نسبة الفقر والتشاؤم ببلادنا، وإفلاس المنشآت والمؤسسات العمومية، والوضع الكارثي للممتلكات المصادرة، والاستيلاء على أملاك الدولة، والوضع المقرف للمستشفيات والمؤسسات الصحية العمومية منها والحاصة، ووضع التعليم والتعليم العالي المتردي والكارثي، وغياب الأدوية، وعجز الصناديق الاجتماعية، والوضع غير الإنساني اللي يعيشوه المتقاعدين اللي بناوْ الدولة التونسية، ووووووووو
واستحضرت عدد لجان التحقيق اللي تعملت منذ المجلس الوطني التأسيسي لليوم... وتقاريرها ونتائجها الباهرة وتساءلت هل استحضر المجلس الحالي تجربة تكوين لجان التحقيق في السابق؟
وآنا نطالع في خبر لجنة التحقيق، استحضرت المهزلة اللي عاشها المجلس خلال الأيام الأخيرة، واستحضرت مواقف نوّاب سمعتهم اليوم في الإذاعات والتلافز يطلبو تدخّل الأمن الرئاسي لإخراج نواب من المجلس وتدخّل النيابة العمومية من أجل إيقافهم ورفع حصانة .... وشيء كبير.
وآنا نقرا في قرار تكوين لجنة حصانة، استحضرت مهازل تكوين الحكومة واللي أحنا عايشين وضع غير عادي بزوز رؤساء حكومة، زوز كيما يقول المثل: "لا معنّق، لا مطلّق".
كنت ننتظر في قرار عاجل بتكوين فريق عمل ينظر في مراجعة النظام الداخلي وقرار عاجل بتكوين خلية تفكير في تحديد أولويات المجلس للمدة النيابية 2019-2024، ....
كنت...
نلقى ناس تخمم في تمكين الأمن الرئاسي والقضاء من التدخل في سير المجلس الداخلي....
ونلقى صندوق الكرامة أولوية قصوى...
وين عايش المجلس هذا، واللي قبلو، واللي قبل اللي قبلو؟
واستحضرت مقال كتبتو في ديسمبر 2011، وقت المجلس التأسيسي، قلت فيه اللي المجلس يعتمد "الملاحة بالرؤيا" (La Navigation à vue).
وقاعد نقرا في مقال يحكي على تطور البرلمان في جنوب افريقيا، وفي عمان والبحرين، وأوغندا، ورواندا... تقهرت.
تقهرت، خاطر خسرنا 8 سنين كنّا قادرين باش نعملو سلطة تشريعية في أرقى المستويات...
وباش نزيدوهم 5 سنين رداءة فوق الرداءة...
برلمان 1984 "بَرْلِمْ".
آما برلمان 2019-2024 قاعد يبدع أكثر: "يبرْلِمْ بالرؤيا"

samedi 7 décembre 2019

Habib Jamli prend tout son temps: Le Gouvernement Y.C pose un problème et la Tunisie mise en demeure


7 jours après la déclaration définitive des résultats des élections législatives (le 8 novembre 2019), Le Président de la République a chargé Mr Habib J(a ;o ;e)mli(*), le candidat proposé par le parti Nahdha, pour former le nouveau gouvernement qui succèdera au gouvernement sortant de Mr Youssef Chahed.
(*) Jusqu’à maintenant on ne sait pas réellement comment prononcer le nom du candidat : Jemli ? Jamli ? Jomli ?. Pour le besoin de ce post, je vais l’identifier par H.J
Et dès le départ, certains ont eu un pressentiment qu’avec H.J on verra un autre protocole pour la formation du nouveau gouvernement. L’indice : La forme de la lettre émise par le Président de la république

Le 7 décembre 2019, à une semaine de la 1ère échéance pour annoncer le gouvernement, H.J fait une déclaration de presse indiquant qu’il ne faut se presser. Il a tout son temps !
Selon radio Mosaïque fm, H.J disait « On annoncera le nouveau gouvernement quand Dieu le voudra ». inchallah.
Mais se rend-il compte que le pays est dans une situation insoutenable et insupportable de « wait and see » !?
Certains pensent que ce n’est pas H.J qui mène le jeu, mais c’est le parti Nahdha qui s’est lancé dans un jeu de cache-cache pour pousser certains partis politiques (Tayyar et Chaab) à la limite de leur patience et leur imposer un gouvernement dont il aura ses « clés ».
Depuis l’annonce implicite du défunt Président BCE de vouloir se débarrasser du Chef du Gouvernement sortant Youssef Chahed, le parti Nahdha s’est lancé dans une série de manœuvres politiques et parlementaires pour se présenter comme le seul maître du jeu de la scène politique tunisienne.
Malgré la défaite de son candidat aux élections présidentielles (qui a échoué à franchir le 1er tour) et malgré la régression spectaculaire de ses résultats aux élections législatives (par rapport à celle de 2011 et de 2014), le parti Nahdha continue une « stratégie » offensive pour mener le jeu tout en sachant que dans les conditions actuelles cette manœuvre est très aléatoire voir même très dangereuse pour le pays (et pour lui aussi).
Le Parti Nahdha veut-il paralyser le gouvernement sortant ?
Le 2 décembre 2019, le président du Conseil de la « Choura » du parti Nahdha a tenu une conférence de presse durant laquelle il a appelé le Chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed, de mettre fin aux « nominations » et de réviser celles faites durant les dernières semaines (NDLR : depuis la déclaration définitive des résultats des élections). (texte)
Ne se laissant pas faire, Youssef Chahed avait réagi 3 jours après, précisant que son Gouvernement continuera d’exercer ses compétences constitutionnelles jusqu’au dernier moment et que les nominations sont de sa compétence exclusive selon l’art 92 de la Constitution. texte
Le parti Nahdha ne s’inquiétait donc que des « nominations » faites par le gouvernement sortant et c’est son seul souci.
Et pourtant la question devrait être traitée plus sérieusement.
Le Gouvernement Youssef Chahed est-il un gouvernement à pleine compétence ?
Le gouvernement actuel (ou en post) est qualifié par tout le monde comme un gouvernement de « gestion des affaires ».
Ce qualificatif est déduit in fine des termes du 2ème paragraphe de l’article 100 de la Constitution précisant que le Gouvernement sortant (suite à une vacance du poste du Chef du gouvernement hors mis les cas de démission ou de décès !) continue à gérer les affaires sous la supervision d’un membre du gouvernement choisi par le conseil des ministres.
Or le Gouvernement Youssef Chahed n’est pas dans une telle situation.
Conclusion : Le Gouvernement Youssef Chahed n’est pas un gouvernement de gestion des affaires.
Le Gouvernement Youssef Chahed est-il un Gouvernement dont la responsabilité ne pourra jamais être engagée devant l’actuelle ARP ?
La personnalité chargée de former le nouveau gouvernement prend son temps. Il a un mois, renouvelable une seule fois, pour présenter son équipe au vote de confiance. S’il échoue (et la probabilité est très sérieuse selon certains observateurs), le Président de la République chargera une personnalité de son choix après consultation des partis, coalition et groupes parlementaires.
Si après 4 mois, l’ARP n’accordera pas de confiance à aucun gouvernement, Le Président de la République pourra la dissoudre.
Donc, l’actuel gouvernement pourra rester en post encore des semaines.
En décembre 2015, les élections législatives espagnoles ont abouti à un résultat inédit depuis 1978, date de l’adoption de la Constitution, ne permettant à aucun parti de former le gouvernement sans la coalition avec 2 autres composantes.
Les 3 et 5 mars 2016, le congrès a échoué en 2 tours (le 1er nécessite la majorité absolue, le second une simple majorité relative suffira) à voter la confiance du gouvernement. Le Roi disposant de 2 mois pour dissoudre le parlement, avait surpris tout le monde le 7 mars en faisant savoir qu’il ne fera aucune consultation. Donc, le gouvernement sortant restera en place sans connaitre exactement l’échéance de sa mission.
Cette situation a engendré un débat entre juristes espagnols quant au pouvoir du gouvernement sortant et le pouvoir du parlement à son égard.
La loi espagnole précisait que le gouvernement sortant limite sa gestion à la marche habituelle des affaires publiques, disposition que la doctrine juridique s’en est référée pour justifier sa conclusion au devoir d’auto-restriction du gouvernement en post.
En outre, en 2005, le tribunal suprême a indiqué que le gouvernement en post ne peut pas prendre des décisions ou des mesures impliquant l’adoption de directives d’orientation politique.
Ainsi, en Espagne, le gouvernement sortant n’est pas autorisé à soumettre le budget au nouveau parlement.
Or en Tunisie, la situation est différente. Le Gouvernement sortant prépare et discute le budget avec le nouveau parlement.
Ce qui est étonnant dans la situation actuelle du Gouvernement Youssef Chahed, c’est qu’il est un gouvernement hors portée de mise en cause par l’actuelle ARP.
Certes, les députés peuvent lui adresser des questions écrites et orales, l’auditionner, mais engager une procédure de motion de censure contre lui n’impliquera que l’éviction de Youssef Chahed et son remplacement par un ministre de son gouvernement.
Plus délirant, le gouvernement en post peut toujours présenter des projets de lois (interdit en Espagne) et s’en foutra du vote des élus s’ils les rejettent ou non car le rejet n’impliquera rien de grave sur sa continuation.
Théoriquement, donc, le Gouvernement Youssef Chahed est actuellement plus fort avec cette nouvelle ARP qu’il l’était avec l’ancienne ARP qui lui a fait confiance.
Les élections 2019 : dernière alerte rouge avant le chaos !?
Le mandat législatif 2014-2019 était un mandat révélateur sur les lacunes de notre système constitutionnel et institutionnel.
Le constat est plus que « amer » ou « désolant » ; il est APEURANT.
Seule une poignée de lois ont été adoptées alors qu’on aurait dû promulguer plus de cinquantaine de lois pour mettre en œuvre les choix constitutionnels de 2014.
Durant 5 ans, on a tout vu. Tout vu dans le sens négatif :
Des principes généraux restés désuets ; tout un dispositif des droits et libertés sans une réelle mise en œuvre ; un Parlement paralysé ; un exécutif qui est arrivé à s’entre-tuer ; un pouvoir judiciaire pathologique ; des instances constitutionnelles indépendantes donnant des signes alarmants et un pouvoir local défaillant.
Que faut-il faire ?
Une autre révolution ?
Il nous faut un calendrier triennal 2020-2021-2022 pour mettre en place tout le dispositif nécessaire, correctifs inclus, pour vérifier si on est apte à continuer dans le même chemin ou non.
Ce calendrier triennal passe par plusieurs priorités dont notamment :
1)     La révision du règlement intérieur de l’ARP pour qu’elle soit fonctionnelle et efficace.
2)  La Révision de la loi électorale et du calendrier électoral 
3)     La révision du cadre légal des partis politiques et associations
4)     La révision du système fiscal
5)     L’adoption sans délai des lois organiques mettant en œuvre les dispositions constitutionnelles garantissant l’unité de l’Etat Tunisien et sa continuité.
6)     Lancer un référendum pour Oui ou Non réviser nos choix constitutionnels (ou certains d’entre eux) : Pouvoir local ; Exécutif ; pouvoir judiciaire ; parlement et instances constitutionnelles indépendantes.
Le temps nous a accordé largement un délai de grâce.
Je crains qu’après ce délais de grâce, l’échéance sera brusque et … dramatique.