Le feuilleton de la « formation du
nouveau gouvernement » post élections 2019 prend une tournure parfois
ridicule parfois inquiétant.
La question que se pose tous les
tunisiens : Qui mène le vrai jeu pour former le nouveau
gouvernement ?
La réponse est venue peut-être du
porte-parole du parti Nahdha sur les ondes de Radio Shems fm en dévoilant que
c’est le Bureau politique du parti qui a décidé de mettre fins aux pourparlers
avec les partis politiques pour former le gouvernement et d’opter pour un
gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Bien entendu, la « guerre » que
se livrent les « rivaux » politiques se fait via les médias qui
jouent un rôle important pour faire passer les messages codés les uns aux
autres, d’une part, et pour faire de la propagande électorale en vue d’une
éventuelle élection anticipée, si le Président de la République en décide après
4 mois d’échec.
En réalité, tout le monde piège tout le
monde. Et tout le monde se trouve piégé.
Le piège s’est dessiné depuis l’annonce des
résultats des élections législatives 2019 où plusieurs partis avaient déclaré
qu’ils seraient dans l’opposition tout en mettant la pression sur le parti
Nahdha, gagnant des élections sans avoir obtenu une majorité lui permettant de
gouverner en solitaire.
La Nahdha, voyant venir le plan de ses
rivaux directs et indirects, n’a pas tardé à manœuvrer en proposant au
Président de la république, une personnalité « incognito » de la
scène politique tunisienne pour former le nouveau gouvernement.
Par ce choix, la Nahdha a épargné à ces
« Stars » de ne pas subir ni la pression de formation du gouvernement
ni le prix d’échec d’en former un tout en gardant la mainmise sur les manœuvres
politiques.
Preuve de cette mainmise, Habib Jemli,
candidat proposé pour former un nouveau gouvernement, a passé un mois en
pourparlers inutiles, folkloriques, incompréhensibles et même débiles. Recevant
des « personnes » sans poids politiques ni valeur académique
confirmés, ses rencontres ont fait l’objet d’anecdotes des tunisiens et des
blagues des réseaux sociaux. Par ce fait, la Nahdha a atteint son 1er
objectif : Ridiculiser la personne et la rendre vulnérable.
Ensuite, La Nahdha a voulu jouer sur le
facteur « Temps » en acculant ses adversaires au seuil de la limite
de leur patience. Dire oui puis se rétracter ; accepter puis vouloir
renégocier ; ne pas répondre ; tout donner (par la main droite) et
tout reprendre (par la main gauche) …etc.
En acceptant de revenir aux négociations,
les Partis « Tayyar » et « Chaâb » se sont trouvés piégés. À
l’instant même où ils ont dit « Oui », ils ont mordu à l’hameçon.
Cette fois-ci, contrairement aux partis
CPR, Takattol, Nida, Afek ou autres ayant mordu à l’Hameçon, « Tayyar »
et « Chaaâb » ont refusé de céder aux manœuvres du parti Nahdha et
ont décliné l’offre de participer au gouvernement tout sens savant qu’ils
jouent gros.
La Nahdha lit très bien la cartographie
politique parlementaire et extra parlementaire. Elle sait très bien que durant
une autre année, aucun parti politique ne peut la détrôner de sa 1ère
place au parlement. Donc, elle est prête pour des élections anticipées. En revanche,
la majorité des autres partis ne le sont pas.
Et c’est pour cette raison qu’elle a décidé
de jouer à « quitte ou double » en mettant fin aux négociations et d’opter
pour un Gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Et c’est peut-être son plan dès le départ !
Le vrai problème de la Nahdha ce n’est ni « Tayyar »
ni « Chaâb » ni autre. Son vrai problème c’est Kais Saïed, le
Président de la République dont elle craint qu’il prenne l’initiative politique
soit en réussissant à former une « majorité présidentielle » au
parlement soit en créant son propre parti (dont certaines sources estiment qu’il
sera probablement créé dans les 6 mois à venir, soit avant les éventuelles
élections législatives).
Tant que la Nahdha ne sera pas au palais de
Carthage, elle sera toujours craintive des pouvoirs du palais présidentiel.
D’ailleurs, elle reste euphorique de sa
réussite de faire échouer « Carthage2 » sous le règne de BCE et sa
mise en « quarantaine », aidée par des « figures symboliques de
la « gauche » (Massar) et de personnalités syndicalistes.
La tactique de la Nahdha semble viser 2
coups en un : fragiliser les partis montants et affaiblir le Président de
la république.
Il est évident que tout le monde ayant
voulu piéger ses rivaux s’est trouvé piégé par ses propres agissements, la
Nahdha y compris.
Mais en fin de compte, c’est la Tunisie qui
est le seul gibier dans cette course aux leurres.
Le seul piégé sans solution de sorties c’est
le Peuple Tunisien.
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