mardi 24 décembre 2019

Le Piège

Le feuilleton de la « formation du nouveau gouvernement » post élections 2019 prend une tournure parfois ridicule parfois inquiétant.
La question que se pose tous les tunisiens : Qui mène le vrai jeu pour former le nouveau gouvernement ?
La réponse est venue peut-être du porte-parole du parti Nahdha sur les ondes de Radio Shems fm en dévoilant que c’est le Bureau politique du parti qui a décidé de mettre fins aux pourparlers avec les partis politiques pour former le gouvernement et d’opter pour un gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Bien entendu, la « guerre » que se livrent les « rivaux » politiques se fait via les médias qui jouent un rôle important pour faire passer les messages codés les uns aux autres, d’une part, et pour faire de la propagande électorale en vue d’une éventuelle élection anticipée, si le Président de la République en décide après 4 mois d’échec.
En réalité, tout le monde piège tout le monde. Et tout le monde se trouve piégé.
Le piège s’est dessiné depuis l’annonce des résultats des élections législatives 2019 où plusieurs partis avaient déclaré qu’ils seraient dans l’opposition tout en mettant la pression sur le parti Nahdha, gagnant des élections sans avoir obtenu une majorité lui permettant de gouverner en solitaire.
La Nahdha, voyant venir le plan de ses rivaux directs et indirects, n’a pas tardé à manœuvrer en proposant au Président de la république, une personnalité « incognito » de la scène politique tunisienne pour former le nouveau gouvernement.
Par ce choix, la Nahdha a épargné à ces « Stars » de ne pas subir ni la pression de formation du gouvernement ni le prix d’échec d’en former un tout en gardant la mainmise sur les manœuvres politiques.
Preuve de cette mainmise, Habib Jemli, candidat proposé pour former un nouveau gouvernement, a passé un mois en pourparlers inutiles, folkloriques, incompréhensibles et même débiles. Recevant des « personnes » sans poids politiques ni valeur académique confirmés, ses rencontres ont fait l’objet d’anecdotes des tunisiens et des blagues des réseaux sociaux. Par ce fait, la Nahdha a atteint son 1er objectif : Ridiculiser la personne et la rendre vulnérable.
Ensuite, La Nahdha a voulu jouer sur le facteur « Temps » en acculant ses adversaires au seuil de la limite de leur patience. Dire oui puis se rétracter ; accepter puis vouloir renégocier ; ne pas répondre ; tout donner (par la main droite) et tout reprendre (par la main gauche) …etc.
En acceptant de revenir aux négociations, les Partis « Tayyar » et « Chaâb » se sont trouvés piégés. À l’instant même où ils ont dit « Oui », ils ont mordu à l’hameçon.
Cette fois-ci, contrairement aux partis CPR, Takattol, Nida, Afek ou autres ayant mordu à l’Hameçon, « Tayyar » et « Chaaâb » ont refusé de céder aux manœuvres du parti Nahdha et ont décliné l’offre de participer au gouvernement tout sens savant qu’ils jouent gros.
La Nahdha lit très bien la cartographie politique parlementaire et extra parlementaire. Elle sait très bien que durant une autre année, aucun parti politique ne peut la détrôner de sa 1ère place au parlement. Donc, elle est prête pour des élections anticipées. En revanche, la majorité des autres partis ne le sont pas.
Et c’est pour cette raison qu’elle a décidé de jouer à « quitte ou double » en mettant fin aux négociations et d’opter pour un Gouvernement de « compétences » « indépendantes ».
Et c’est peut-être son plan dès le départ !
Le vrai problème de la Nahdha ce n’est ni « Tayyar » ni « Chaâb » ni autre. Son vrai problème c’est Kais Saïed, le Président de la République dont elle craint qu’il prenne l’initiative politique soit en réussissant à former une « majorité présidentielle » au parlement soit en créant son propre parti (dont certaines sources estiment qu’il sera probablement créé dans les 6 mois à venir, soit avant les éventuelles élections législatives).
Tant que la Nahdha ne sera pas au palais de Carthage, elle sera toujours craintive des pouvoirs du palais présidentiel.
D’ailleurs, elle reste euphorique de sa réussite de faire échouer « Carthage2 » sous le règne de BCE et sa mise en « quarantaine », aidée par des « figures symboliques de la « gauche » (Massar) et de personnalités syndicalistes.
La tactique de la Nahdha semble viser 2 coups en un : fragiliser les partis montants et affaiblir le Président de la république.
Il est évident que tout le monde ayant voulu piéger ses rivaux s’est trouvé piégé par ses propres agissements, la Nahdha y compris.
Mais en fin de compte, c’est la Tunisie qui est le seul gibier dans cette course aux leurres.
Le seul piégé sans solution de sorties c’est le Peuple Tunisien.

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