mercredi 23 janvier 2019

5 ans après l’adoption de la Nouvelle Constitution : l’ARP assure une médiocre commémoration caricaturale.


Le soir du 26 janvier 2014 et dans un moment historique, L’ANC a adopté la nouvelle Constitution Tunisienne, celle de la deuxième République.
Je garde toujours cette hommage :

Cette Constitution a été violée le lendemain même de son adoption.
Comment ? Par le changement de sa date.
C’est la Constitution du 26 Janvier 2014 et non du 27 Janvier 2014.
Pour l’histoire, comment est venue cette date du 27 ? Par une idée parachutée qu’il faut la faire signer par les « 3 Présidents ».
Pour l’histoire, Ali Laarayedh, du parti Nahdha, était un Chef du Gouvernement démissionnaire et le vrai légataire de cette honneur aurait été Hammadi Jebali.
Ensuite, Moncef Marzouki, Président temporaire de la République, n’avait rien à voir avec cette Constitution.
Bref.
Après les élections de 2014, l’ARP n’a pas fêté la journée du 26 janvier ni même celle du 27.
Par magie et durant sa dernière session, L’ARP s’est rappelée qu’on est déjà à 5 ans de l’adoption de la Constitution. Et a décidé de lui consacrer une plénière pour le moins qu’on puisse dire : laide, médiocre, maigre, froide, débile et indigne d’une ère post révolutionnaire.
Je vous laisse parcourir le programme :

Le Titre trompeur : Une plénière exceptionnelle

Il n’y a pas dans le Règlement intérieur de cette notion de plénière exceptionnelle. C’est vrai que ce type de plénière figurait dans l’avant-projet du règlement intérieur de l’ANC mais ça n’a pas été retenu.

D’ailleurs, en parcourant le programme, on se trouve dans un « séminaire » ou un « colloque ». Allez comprendre. Sommes-nous en plénière ou en colloque ?

La fausse date : le 28 !!

Une institution qui se respecte et fête un évènement qu’elle respecte, elle le fait au jour J et non au Jour J+2. C’est un détaille certes, mais significatif. On aurait dû le faire un 26 janvier. Hélas ! et ça donne une idée de la partie qui a planifié.

La liste des intervenants : Les Figurants et les Acteurs

Les figurants

La Dévalorisation du Président de l’ARP

Quel honneur a-t-on attribué pour le Président de la 1ère Assemblée de la nouvelle Constitution pour parler de la nouvelle Constitution ? prononcer un mot introductif !!!!
Plus dégradant et dévalorisant que ça n’y en a pas.
Qui est le mieux placé pour parler de cette constitution après 5 ans de son adoption et 5 ans de son application ? Le Président du Parlement.
On lui ote la parole et on lui assigne un rôle de figurant.
LAMENTABLE

Un Historien pour faire une narration

En méthodologie juridique, l’histoire et l’historique constituent une phase introductive cruciale et capitale pour introduire la problématique et la développer ensuite.
Et en Tunisie, nous avons des professeurs en droit qui connaissent bien notre histoire Constitutionnelle depuis l’ère Berbère à nos jours.
Ce ne sont pas les bienvenus.
On a choisi de faire appel à un narrateur qui n’aura aucun esprit critique ou comparatif constitutionnel.

La liste des derniers intervenants

Une des techniques connues dans la « communication » la recommandation disant « celui que tu veux occulter, relègues-le en fin de de séance ».
Chose faite en ce programme.
Les 2 constituants représentant l’opposition durant cette ère Constituante ont été programmé en fin de séance : Fadhel Moussa et Mongi Rahoui.
Pire encore, en 15mn chacun, on leur a attribué de parler des acquis et non acquis du dispositif Constitutionnel (F.Moussa) ou d’étaler les droits sociaux-économiques de la Constitution 2014 (M.Rahoui) !!
Pour Avoir la conscience tranquille j’ai appelé un membre du Bureau de l’ARP pour savoir si ce programme a été discuté pleinement au sein du bureau. Il m’a informé par hasard que l’intervention de M.Rahoui a été ajoutée en dernière minute suite à la contestation du Front Populaire.
Ridicule.
Mais qui a planifié toute cette « fête » ??
Cherchons les acteurs d’abord

Les Acteurs

Pour déterminer les acteurs, il faut chercher les absents.
Les vrais acteurs d’après ce programme sont : Mr Habib Khedhr (qui parlera de vision et process), Mme Farida Laabidi (qui parlera des droits et libertés) et de Amor Chetoui qui évoquera la séparation des pouvoirs.
Si personne ne peut contester l’apport technique et fondamental apporté par H. Khedher et Mme F.Laabidi au processus Constitutionnel,  l’apport de Mr A. Chetoui est fortement contesté et contestable.
Ce Monsieur a mis en péril tout le processus Constituant.
Pour l’histoire, le comité mixte de rédaction de la Constitution et la Commission des Consensus a révisé tout le travail de la Commission qu’il a présidait.
La question intrigante : l’ANC avait 6 commissions Constituantes. Pourquoi seulement 3 d’entre eux sont présents dans ce programme alors que 3 autres non ?

Les Absents

Commençons du bas vers le haut

Les Présidents des Commissions Constituantes

Mr Sahbi Atig (Nahdha), Pdt de la commission principes généraux et préambule a été ignoré. Mr Imed Hammami (Nahdha), Président de la Commission Collectivités Locales, ignoré aussi. Mr Jamel Touir (Takattol ensuite Harak), Président de la Commission des instances constitutionnelles indépendantes a été ignoré aussi.
Les exclus justifient le choix des acteurs.

La Société Civile

C’est le fond de la pensée de la « partie » qui a concocté ce programme. Cette société civile n’existe pas.
Vous-vous souvenez de l’ère Constituante ? qui a réellement fait le poids ?
Cette société civile n’est pas la bienvenue même si on lui fait savoir le faux-sourire.
Non seulement c’est honteux, mais c’est révélateur de ceux et celles qui veulent faire croire qu’ils sont avec la société civile. Ils MENTENT.

Les Chefs du Gouvernement

Quelle autorité aurait la capacité de « juger » la Constitution et « évaluer » son travail au vue des nouvelles normes constitutionnelles que le gouvernement (en plus du Parlement) !!
Aucun Chef du Gouvernement n’a été cité. Ni Mehdi Jomaa, Ni Habib Essid ni Youssef Chahed ont été conviés à apporter leur témoignage !!!
Lisez entre les lignes et vous allez avoir une idée de qui aurait cette délicatesse de ficeler ce programme.

Le Président de la République

Premier garant du Respect de la Constitution, le Président de la République Tunisienne n’est pas invité à cette commémoration !!!

Le Conseil Supérieur de la Magistrature

Ne pas inviter la Magistrature est une omission ?

Les Instances Constitutionnelles Indépendantes


Ni l’ISIE, ni la HAICA, ni l’INLUCC !!!

La Nouvelle Majorité

Le plus grand absent de cette journée est certainement la nouvelle majorité issue des élections 2014.
Les Nouveaux élus de 2014 ont été sèchement ignorés et dévalorisés. Ils n’ont rien à dire. Seul rôle qu’ils puissent faire : Assister et applaudir.

Conclusion

Cette ARP est-elle digne d’évaluer la Constitution 2014 ?
NON.

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