Durant ce Week-end, les réseaux sociaux Tunisiens ont partagé des
images et vidéos montrant une plénière de l’ARP (Assemblée des Représentants du
Peuple) consacrée aux questions orales des élus avec une présence un peu
inédite : 4 élus et un ministre.
La Photo
La vidéo
La polémique n’en finit pas encore, mais qu’en est-il réellement ?
Pour le savoir, on doit répondre à plusieurs questions.
1) Dans quel cadre l’ARP situe ces plénières ?
Dans ses
communiqués de presse ou durant la couverture des débats par ses comptes Twitter
ou Facebook, l’ARP qualifie ces séances comme étant de séances de questions
orales entrant dans le cadre de sa mission/pouvoir du contrôle.
Ces séances
sont clairement identifiées par l’article 146 du chapitre 9 du règlement
intérieur.
Il est évident
que cet article évoque un cadre précis « séance plénière » sans lui prévoir
un mode spécifique. Ainsi, en l’absence d’un régime particulier, il faut
appliquer les dispositions communes aux séances plénières, qui n’est que l’article
109 du R.I et qui prévoit un régime sans équivoque : La plénière se tient
à l’heure prévue à majorité absolue ; à défaut, elle se tient une demi-heure
après, avec une présence qui ne doit pas être inférieur au 1/3 des membres
(soit 73).
Conclusion :
Si la plénière des questions orales se tient en application de l’article 146 du
R.I, elle est en violation de l’article 109 R.I, et c’est une plénière
irrégulière et non conforme au Règlement Intérieur.
La
séance du Samedi 10/2/2018 et les précédentes en sont aussi.
2) S’agit-il de séances de débats avec le gouvernement ?
Certains élus
ont essayé de disqualifier la qualification officielle de l’ARP en disant que
ce sont des séances tenues en application de l’article 147 du R.I.
Les séances
tenues sous cet article sont des séances de débat avec le gouvernement.
Primo, l’ARP,
dans ses communiqués officiels et publics, a bien distingué les plénières des
questions orales des plénières réservées au débat avec le gouvernement. L’ARP
sait très bien la différence.
Secundo, l’article
147 est très précis. Ces plénières, restant toujours soumises à l’article 109
quant au quorum de la tenue, suivent un objectif bien déterminé : la
plénière concerne des orientations générales et des politiques sectorielles. Elles
sont initiées par une présentation générale du membre du gouvernement suivie d’un
débat entre ministre et élus.
Tertio, peu
importe, l’article 147 ne prévoit pas un quorum spécial. Ainsi, l’article 109
reste applicable.
Conclusion :
même si on qualifie les séances plénières des questions orales comme des
séances régies par l’article 147, ces séances ne sont pas conformes à l’article
147 ni même à l’article 147, et du coup, elles ont été tenues en violation du
Règlement intérieur.
3) L’impact de la dénaturation de la technique de l’article 118
Que ce soit en
application de l’art 146 ou de l’application de l’art 147, les plénières tenues
le samedi sont en nette violation du Règlement Intérieur. Pourquoi nous en
sommes ici ?
Pour 2 raisons :
D’abord, l’article
146 oblige, théoriquement, le gouvernement à répondre à la question orale dans
un délai de 15 jours. Or, une telle obligation a été rarement respectée. Encore
plus grave, le non-respect de ce devoir n’est nullement sanctionné.
Ensuite, les
élus, exaspérés par de telle confusion, ils ont cru pouvoir mettre la pression
par le recours à l’article 118 du R.I.
Il est évident
que la technique de l’article 118 n’avait rien à voir avec la technique de la
question orale.
Mais plusieurs
élus, au lieu de poser des questions orales, préféraient passer par le biais de
l’article 118 pour bénéficier de ce privilège de passer en direct de la
diffusion audiovisuelle.
Conclusion :
les plénières de samedi, questions orales, se ressemblent magiquement aux fins
de plénières réservées aux interventions selon l’article 118 où sont présents que les élus qui
ont manifesté leur volonté d’intervenir.
4) Ces séances sont-elles conformes au Règlement intérieur ?
La réponse est sans équivoque :
NON. Elles sont en violation de l’article 109 du R.I.
5) L’urgence de revoir la planification :
Tenir de
manière hebdomadaire une plénière chaque mardi, des réunions de commissions 5
jours/7 et en rajouter une plénière le samedi est une usure pour tout le monde :
élus, administration, société civile et médias (publics et privés).
C’est trop.
Une plénière
avec 6 élus est un gaspillage de tout genre (Un personnel réquisitionné ; une
climatisation de tous les bâtiments ; une consommation électrique de
milliers de kilos ; une sécurité renforcée dans tous les périmètres. Etc…)
Faut laisser
les gens respirer (élus, fonctionnaires, médias, sécurité…).
Faut chercher l’efficacité.
Question :
Quel apport de ces plénières de samedi ?
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