mardi 3 novembre 2015

Pourquoi L’implosion du groupe Nida serait une mauvaise expérience pour le droit parlementaire Tunisien ?

Rares sont ceux qui comprennent la philosophie du concept « groupe parlementaire ».
En effet, même dans des systèmes ancrés depuis des lustres dans la démocratie, la perception du « groupe parlementaire » reste sujette à confusion et une certaine incompréhension quant à la vraie philosophie qui a justifié et fondé la naissance de ces groupes.
Un groupe n’est pas à identifier de manière intégrale à un parti politique. Et c’est le point qui n’a pas été facile à faire digérer aux politiciens.
Le groupe est un ensemble de parlementaires qui sont liés par des « affinités politiques ». Ce n’est pas le cadre partisan qui soutient le groupe, mais ce sont les options, les idées, les programmes, les choix stratégiques etc…
Donc, contrairement à la rigidité de la structure partisane avec tout ce qui implique du dogmatisme inapproprié aux exigences du droit parlementaire, le groupe offre un cadre parfait pour affiner les positions, étoffer des alliances et construire une stratégie pluraliste et plus démocratique.
Il se trouve que la notion des « affinités politiques » peut être trouvée dans un même parti sans avoir besoin d’élargir la recherche à d’autres partis.
C’est la théorie parfaite.
L’expérience parlementaire Tunisienne en a offert des exemples depuis la Constituante.
Ainsi, le groupe démocratique était un ensemble de paris et de parlementaires réunis autour d’affinités et en vue des objectifs. Plusieurs autres groupes se sont créés dans le même esprit, mais malheureusement, ils sont finis par disparaitre avant le terme du mandat constituant.
Sous l’ARP, 3 groupes présentaient manifestement les caractéristiques de groupes d’affinités : Nida, Le Front Populaire et le groupe social-démocrate.
Je dis bien manifestement, car de manière latente, le groupe Nahdha présentait aussi des caractéristiques d’un groupe d’affinités car les décisions du groupe sont souvent discutées au sein du groupe et rarement dictées par hiérarchie partisane.
Le groupe Nida est affecté par la structure hétéroclite du parti et se trouve par la force des choses un groupe d’affinités.
Les groupes parlementaires fondés sur des affinités politiques sont d’une importance capitale car ils jouent un rôle positif quant à la souplesse qu’ils imposent aux mécanismes du droit parlementaire, mais aussi, et surtout, quant au caractère démocratique qu’ils imprègnent aux décisions de l’instance parlementaire.
Voir de tels groupes se disloquer, disparaître ou se mettre en une impossibilité de fonctionner naturellement, c’est pas seulement craindre pour la stabilité du paysage politique du pays, mais surtout, c’est craindre pour l’apprentissage de l’exercice démocratique du pouvoir.

C’es désolant , oui, mais c’est surtout apeurant. 

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