Ce projet de
loi, dit-on, est le pire post-révolution…
Ce projet de
loi, dit-on encore, pourrait faire sauter l’actuel gouvernement…
Ce projet de
loi a été critiqué de partout, attaqué de partout…
Politiciens,
parlementaires, experts économiques, financiers, défenseurs des intérêts de
différentes corporations de métiers et de consommateurs envahissaient depuis quelques
jours les plateaux radios, télévisions et les pages des journaux.
Le simple
tunisien, sans connaissances fiscales et financières, commence à s’intéresser à
ce projet de loi et y porter un jugement intuitif allant d’une opinion hostile
à une opinion ralliée à une autre corporative sans aucune raison mathématique justificative.
Pour un
projet de loi qualifié du plus pire, il est le seul projet de loi de finances
qui suscite un intérêt populaire qu’aucun autre projet de loi n’en a eu durant
toute l’histoire de la Tunisie.
Selon mon
modeste point de vue, ce projet de loi est magnifique.
Il est
magnifique car il illustre parfaitement la merveilleuse éternelle mutation
politique du pays.
Rien n’est
acquis.
Tout est en
mouvement…
Laissant à côté
ses mesures et ses dispositions…quels aspects nous offre ce projet de loi ?
De très
belles futures manœuvres politico-parlementaires en vue.
Voyons de près :
Il est
supposé un gouvernement d’union national jouissant d’une très solide majorité
parlementaire.
De par les déclarations
des uns et des autres, parlementaires et politiques, ce projet de loi, dans sa
forme actuelle, risque de ne pas être adopté.
Théoriquement,
ce gouvernement est sur un siège éjectable. Théoriquement aussi, ce
gouvernement est composé de membres qui sont les plus doués en manœuvres politico-parlementaires.
Pratiquement, le dénouement ne se fera pas sur les plateaux audiovisuels.
Encore plus
important et plus intéressant, cette bataille latente entre Gouvernement,
parlement et, en second degré, la présidence quant à l’exercice du pouvoir
constitutionnel.
Le parlement,
l’ARP en l’occurrence, veut exercer ses pleins pouvoirs accordés par l’article
66 de la Constitution :
Il vote le
budget. Et quand il vote, il doit être souverain.
L’exécutif,
tire profit aussi de cette constitution et tente de manœuvrer via 2 dispositions : le 2ème
paragraphe de l’article 62 et l’article 63 lui accordant, d’une part, l’exclusivité
de proposer la loi de finances, et d’autre part, limitant le champ de manœuvre du
parlement quant au pouvoir d’amendement.
Encore plus
merveilleux, c’est cette manœuvre des partis et organisations ayant suscrits à
une initiative présidentielle visant à gérer l’initiative politique, et peut
être à la monopoliser, de faire comprendre à l’auteur et à ses conseillers, que
la vraie bataille ne se joue plus à Carthage mais plutôt à Bardo.
La démocratie
ne se limite pas à des dispositions constitutionnelles, mais elle sera
déterminée surtout par des pratiques et des manœuvres.
Le grand
dilemme que certains veulent nous imposer: ou viser l’enracinement d’une
démocratie éternelle et subir des conséquences économiques néfastes, ou sacrifier
la démocratie et accepter des solutions économiques pouvant altérer nos droits
et libertés.
C’est un
faux problème. Je regarde autour de moi et le constat est sans appel : les
meilleurs économies sont celles des pays les plus démocratiques.
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