Le soir du 20
Janvier 2020, le Président de la République a choisi Elyes Fakhfekh comme le
candidat le plus apte à former un gouvernement.
Le Président a agi
dans le cadre du 3ème paragraphe de l’art 89 de la Constitution.
Un échec parlementaire en 2 phases
L’ARP
(Assemblée des Représentants du Peuple) a échoué d’abord à voter la confiance
pour le 1er Gouvernement formé et proposé par Habib Jemli, candidat
du parti islamiste Nahdha.
L’initiative s’est
alors déplacée du Palais de Bardo au palais de Carthage (palais présidentiel)
et on s’attendait à ce que les parlementaires forcent la main au Président.
La technique présidentielle pour contrer le Parlement
Par une
approche anodine et inédite, le Président de la République a adressé des
messages écrits (38 au total) aux différents groupes, coalitions et partis
politiques représentés à l’ARP leur demandant de lui fournir par écrit dans un
délai réduit, le/les noms des Candidats pour former un gouvernement.
Pris de court
par cette démarche, les formations parlementaires ont présenté des candidatures
disparates et non coordonnées laissant au Président un large champ de manœuvre.
Le choix du Président qui tue
Sentant l’ARP
faible et un peu en agonie, le Président n’a pas manqué de profiter de l’occasion
pour opter pour une personnalité faisant partie d’un parti politique non
représenté au Parlement et seulement citée explicitement par un seul parti,
Tahia Tounes, qui n’a que 14 sièges.
C’est important
de le souligner car ce choix a écarté toutes les propositions des autres 5
groupes réunissant 166 sièges (Nahdha, Démocratique, Qalb Tounes, Karama, Islah.
Le Destouri Horr n’a proposé personne).
Une ARP dos au mur
C’est dans le
communiqué de la Présidence qu’il faut lire l’intention du Président de la
République.
Ainsi, il est
écrit noir sur blanc au 2ème paragraphe que le candidat choisi a un mois non renouvelable pour former son gouvernement et ce à compter du Mardi
21 Janvier 2020.
Il ne manquait
à ce communiqué que de rappeler à l’ARP que s’il échoue, encore une fois, à
voter la confiance du gouvernement, Le Président fera usage des pouvoirs que
lui accorde le 4ème paragraphe de l’art 89 de la Constitution
consistant à dissoudre le Parlement.
Le scénario : ou ça passe ou ça casse
Il n’y en a pas
2 : Ou on accorde la Confiance au gouvernement ou Non, et dans ce cas c’est
la dissolution.
Qui a intérêt dans la dissolution ?
Si dissolution
sera décidée, des élections anticipées devront avoir lieu entre 45 et 90 jours.
Dans ce cadre
il faut se poser la question : qui des partis présents a intérêt à voir l’ARP
dissoute et qui de ces partis est capable de tenir de telles élections ?
Pour tenir des
élections, les partis politiques doivent avoir des structures stables et un
état financier solide. Or, hormis la Nahdha, les autres partis politiques
souffrent structurellement et financièrement.
En outre, et
constatant cette faiblesse, le Parti Nahdha peut jouer la carte des élections
anticipées afin de se repositionner dans l’échiquier parlementaire et
reconquérir ses sièges perdus.
Et si le Gouvernement Fakhfekh, voté, se maintiendra longtemps ?
Plusieurs observateurs
pensent que cette ARP va accorder la confiance à ce gouvernement pour une durée
de 6 à 8 mois.
Eh ben non, ils
sont loin du compte.
C’est simple :
pour faire « déloger » le gouvernement Fakhfekh, soit il démissionne
soit il subit une motion de censure.
Pour la motion
de censure, le 2ème paragraphe de l’art 97 de la Constitution exige
une majorité absolue ayant proposé un Candidat « successeur ».
Quand on sait que
les 134 députés qui ont fait tomber le gouvernement Jemli étaient incapables de
s’accorder sur une autre personnalité, on voit très mal comment 109 peuvent
réussir là où plus nombreux ont échoué.
Et le futur
éventuel Chef du Gouvernement est au courant de cette donne et peut en profiter
largement.
Il sait très
bien que s’il neutralise la rue, personne n’est en mesure de le faire partir.
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