En une semaine ou presque, Le Président de la République
Tunisienne, Béji Caïd Essebsi (BCE), a chambardé tout l’échiquier politique
tunisien et semé le trouble dans toutes les stratégies électorales de tous les
partis politiques.
La non promulgation de la loi électorale
De son vivant, BCE a refusé de
promulguer la loi portant amendement de la loi électorale.
La majorité avait apporté 2
amendements majeurs au texte électoral imposant un seuil électoral de 3% pour
accéder au parlement et un autre sanctionnant listes et candidats ayant commis
des actes interdits aux partis politiques durant les 12 derniers mois avant
échéance électorale. Ce dernier amendement était considéré comme visant le
parti du Nabil Karoui (Propriétaire de la Chaîne Tv Nessma) et l’Association « Iiich
Tounsi » qui ont fait une montée fulgurante dans les sondages d’opinion
durant les mois Mai/Juin 2019 dépassant de loin le parti du Chef du
Gouvernement Youssef Chahed.
Le recours en inconstitutionnalité n’ayant
pas abouti malgré le sérieux des griefs invoqués, tout le monde attendait la
réaction du BCE qui avait 2 possibilités : soit le renvoi du texte pour
une seconde lecture avec implication sur la majorité requise qui passe de la
majorité absolue à la majorité de 3/5, soit la promulgation.
Mais BCE, contre toute attente, n’a
opté ni pour l’une ni pour l’autre solution et a opté pour une solution qui ne
figure pas dans les textes : le refus de promulgation.
Ce refus, pour être qualifié de
violation gravissime à la constitution pouvant conduite à sa destitution,
nécessite une Cour Constitutionnelle mise en place pour statuer, ce qui faisait
défaut.
BCE a pris tout le monde de court.
Mais pourquoi BCE avait pris cette
décision ?
A moins que BCE n’était pas en état
de signer (incapacité physique), son acte est délibéré.
Rappelons que BCE avait rompu son
alliance avec le parti Nahdha et est entré en conflit avec son Chef du
Gouvernement qui, lui, est devenu soutenu par le parti islamique.
BCE savait s’il renvoi le texte pour
une seconde lecture, l’approbation par 3/5 reste possible. S’il promulgue le
texte, les conséquences seront désastreuses :
D’abord, avec le seuil de 3%, La
Nahdha aurait réussi une écrasante victoire aux élections législatives lui
permettant d’avoir une majorité dépassant de loin la majorité absolue.
Ensuite, le texte amendé aurait évité
au Parti de Youssef Chahed une fort probante défaite humiliante aux élections.
Enfin, le sort du Parti Nida Tounes
serait définitivement scellé : la disparition.
BCE a empêché Nahdha de gagner les
élections avec une majorité renforcée. Il a sauvé le parti nida tout en mettant
celui du Youssef Chahed en difficultés.
Le décès avec effets dramatiques pour les partis
Le décès du Président BCE a semé le
trouble général
Stratégies profondément altérées
Le 1er parti qui s’est vu
sa stratégie chambardée est certainement le Parti Nahdha.
En effet, le parti Nahdha cachait jusque-là
son jeu pour les élections présidentielles. Avait-il ou non son candidat ?
Comme pour 2014, la Nahdha attendait
voir ses adversaires jusqu’au dernier moment pour se prononcer. Sa position de
force lui permettait de « négocier ».
En avançant l’échéance des
présidentielles, la Nahdha se trouve obligée de sortir de sa « cache »
et se dévoiler.
Le second parti touché est celui du
Chef du gouvernement. Voulant garder le silence sur sa candidature jusqu’au
dernier moment, il n’est plus en mesure de le faire.
S’il se porte candidat, sa tête mise
à prix sera la demande d’une bonne partie de la classe politique. Encore pire,
s’il se porte candidat et échoue dès le 1er tour, les effets
négatifs sur son parti seront néfastes voir désastreuses.
Enfin, pour le reste des partis c’est
la course contre la montre pour réunir les signatures et parrainages ce qui ne
sera pas facile à obtenir.
Les Présidentielles avant les législatives : le jeu est renversé
De son vivant, BCE avait souhaité en
2014 de tenir les présidentielles avant les législatives mais la Nahdha s’est y
opposée farouchement.
BCE a enfin obtenu ce qu’il
souhaitait par son décès.
Mais pourquoi la Nahdha (et d’autres
partis comme celui de Y.C) ne voulait pas de présidentielles avant les
législatives ?
Tout simplement, si le candidat du
parti Nahdha ou celui soutenu par lui gagne les élections présidentielles,
toute la campagne électorale législative se retournera contre elle afin de l’empêcher
de gagner ces élections.
La Nahdha comptait gagner ces
élections législatives et avoir une forte majorité lui permettant de former le
gouvernement et d’avoir main mise sur les différents centres de pouvoir dans le
pays.
Maintenant, si elle entre aux
présidentielles, elle risque bien de compromettre ses chances souhaitées pour
les législatives.
Les problèmes juridiques restants
D’abord, il est évident que le prochain
parlement rectifie le tir pour les échéances électorales. Il n’est pas question
que les échéances de 2024 soient les même. Il est même conseillé d’amender la
Constitution sur ce point et sur d’autres aussi.
Ensuite, que fera le chargé des
fonctions présidentielles, Med Naceur, par rapport à la loi électorale dont BCE
avait refusé de la Promulguer ?
Enfin, que fera l’ISIE quant aux
candidats qui auront violé manifestement la loi électorale et gagné les
élections ? aura-t-elle des couilles pour annuler les résultats ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire