jeudi 1 août 2019

Comment BCE a chambardé l’échiquier politique Tunisien


En une semaine ou presque, Le Président de la République Tunisienne, Béji Caïd Essebsi (BCE), a chambardé tout l’échiquier politique tunisien et semé le trouble dans toutes les stratégies électorales de tous les partis politiques.

La non promulgation de la loi électorale

De son vivant, BCE a refusé de promulguer la loi portant amendement de la loi électorale.
La majorité avait apporté 2 amendements majeurs au texte électoral imposant un seuil électoral de 3% pour accéder au parlement et un autre sanctionnant listes et candidats ayant commis des actes interdits aux partis politiques durant les 12 derniers mois avant échéance électorale. Ce dernier amendement était considéré comme visant le parti du Nabil Karoui (Propriétaire de la Chaîne Tv Nessma) et l’Association « Iiich Tounsi » qui ont fait une montée fulgurante dans les sondages d’opinion durant les mois Mai/Juin 2019 dépassant de loin le parti du Chef du Gouvernement Youssef Chahed.
Le recours en inconstitutionnalité n’ayant pas abouti malgré le sérieux des griefs invoqués, tout le monde attendait la réaction du BCE qui avait 2 possibilités : soit le renvoi du texte pour une seconde lecture avec implication sur la majorité requise qui passe de la majorité absolue à la majorité de 3/5, soit la promulgation.
Mais BCE, contre toute attente, n’a opté ni pour l’une ni pour l’autre solution et a opté pour une solution qui ne figure pas dans les textes : le refus de promulgation.
Ce refus, pour être qualifié de violation gravissime à la constitution pouvant conduite à sa destitution, nécessite une Cour Constitutionnelle mise en place pour statuer, ce qui faisait défaut.
BCE a pris tout le monde de court.
Mais pourquoi BCE avait pris cette décision ?
A moins que BCE n’était pas en état de signer (incapacité physique), son acte est délibéré.
Rappelons que BCE avait rompu son alliance avec le parti Nahdha et est entré en conflit avec son Chef du Gouvernement qui, lui, est devenu soutenu par le parti islamique.
BCE savait s’il renvoi le texte pour une seconde lecture, l’approbation par 3/5 reste possible. S’il promulgue le texte, les conséquences seront désastreuses :
D’abord, avec le seuil de 3%, La Nahdha aurait réussi une écrasante victoire aux élections législatives lui permettant d’avoir une majorité dépassant de loin la majorité absolue.
Ensuite, le texte amendé aurait évité au Parti de Youssef Chahed une fort probante défaite humiliante aux élections.
Enfin, le sort du Parti Nida Tounes serait définitivement scellé : la disparition.
BCE a empêché Nahdha de gagner les élections avec une majorité renforcée. Il a sauvé le parti nida tout en mettant celui du Youssef Chahed en difficultés.

Le décès avec effets dramatiques pour les partis

Le décès du Président BCE a semé le trouble général

Stratégies profondément altérées

Le 1er parti qui s’est vu sa stratégie chambardée est certainement le Parti Nahdha.
En effet, le parti Nahdha cachait jusque-là son jeu pour les élections présidentielles. Avait-il ou non son candidat ?
Comme pour 2014, la Nahdha attendait voir ses adversaires jusqu’au dernier moment pour se prononcer. Sa position de force lui permettait de « négocier ».
En avançant l’échéance des présidentielles, la Nahdha se trouve obligée de sortir de sa « cache » et se dévoiler.
Le second parti touché est celui du Chef du gouvernement. Voulant garder le silence sur sa candidature jusqu’au dernier moment, il n’est plus en mesure de le faire.
S’il se porte candidat, sa tête mise à prix sera la demande d’une bonne partie de la classe politique. Encore pire, s’il se porte candidat et échoue dès le 1er tour, les effets négatifs sur son parti seront néfastes voir désastreuses.
Enfin, pour le reste des partis c’est la course contre la montre pour réunir les signatures et parrainages ce qui ne sera pas facile à obtenir.

Les Présidentielles avant les législatives : le jeu est renversé

De son vivant, BCE avait souhaité en 2014 de tenir les présidentielles avant les législatives mais la Nahdha s’est y opposée farouchement.
BCE a enfin obtenu ce qu’il souhaitait par son décès.
Mais pourquoi la Nahdha (et d’autres partis comme celui de Y.C) ne voulait pas de présidentielles avant les législatives ?
Tout simplement, si le candidat du parti Nahdha ou celui soutenu par lui gagne les élections présidentielles, toute la campagne électorale législative se retournera contre elle afin de l’empêcher de gagner ces élections.
La Nahdha comptait gagner ces élections législatives et avoir une forte majorité lui permettant de former le gouvernement et d’avoir main mise sur les différents centres de pouvoir dans le pays.
Maintenant, si elle entre aux présidentielles, elle risque bien de compromettre ses chances souhaitées pour les législatives.

Les problèmes juridiques restants

 D’abord, il est évident que le prochain parlement rectifie le tir pour les échéances électorales. Il n’est pas question que les échéances de 2024 soient les même. Il est même conseillé d’amender la Constitution sur ce point et sur d’autres aussi.
Ensuite, que fera le chargé des fonctions présidentielles, Med Naceur, par rapport à la loi électorale dont BCE avait refusé de la Promulguer ?
Enfin, que fera l’ISIE quant aux candidats qui auront violé manifestement la loi électorale et gagné les élections ? aura-t-elle des couilles pour annuler les résultats ?




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