Une plénière de l’Anc et encore une polémique. Cette fois-ci, c’est à cause du temps accordé aux groupes parlementaires par le bureau de l’Assemblée.
Qu’en est-il au juste ?
Pour ce débat avec le gouvernement décidé par l’Assemblée, ses instances ont décidé de le limiter à une durée globale. Ce temps a été réparti en 3 tranches : une première durée pour la présentation faite par les membres du gouvernement ; une 2ème pour les élus et une 3ème pour les réponses des ministres. La 2ème durée (tranche) devrait être répartie entre les groupes proportionnellement à leur représentativité.
Le Bureau n’a pas trouvé mieux que d’allouer à chaque groupe une durée se calculant par 1 minute par élu.
Donc, il appartenait à chaque groupe de répartir la durée qui lui a été accordée entre ses différents membres voulant intervenir. Un groupe de 29 membres (comme le CPR) n’a pas besoin de voir tous ces 29 intervenir. La logique voulait que le groupe répartisse son quota entre les différentes tendances à l’intérieur du parti. Idem Pour la Nahdha.
Mais pour les autres groupes (tel le groupe démocratique), cette logique se heurtait, apparemment, à un problème structurel lié à sa composition. Ce groupe réunit plusieurs partis qui sont eux même composites. Répartir le temps entre tendances ne permettait pas apparemment de résoudre le problème : tout le monde voulait prendre la parole. Alors, les 30 minutes risquaient d’être réparties entre 30 membres ce qui donne lieu à 1 minute par élu, pour ce groupe.
D’un point de vue de droit parlementaire, la notion du « groupe » joue ce rôle de catalyseur. Elle permet un minimum d’intervenant avec un maximum de propositions. Si tous les membres d’un groupe doivent intervenir, la notion de groupe perd , alors, tout son sens.
En réalité, la durée allouée se présentait, dans l’esprit du bureau, sous cette forme : 89min(Nahdha) ; 30min (Démoc) ; 29 min (CPR) ; 22 min (FDTL) etc...
Hélas ! dans l’esprit de certains, elle se présentait sous cette forme : 1min/élu.
Qui a tort et qui a raison ?
Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs avertis au sein même de l’ANC , estiment que ceux qui ont déserté la plénière ont fait un mauvais calcul. En effet, certains groupes ont déjà déçu une bonne majorité lors de la récente plénière consacrée à la vision que font les groupes de la future Constitution.
Ces mêmes observateurs estiment aussi que le Bureau a très mal planifié cette séance de débat en y associant 3 secteurs « chauds » : Intérieur, Affaires étrangères et Affaires sociales. Il aurait dû la limiter à un seul secteur quitte à ce qu’il planifie plusieurs séances de suite. Au vu des secteurs sujets des débats, le temps alloué aux groupes n’était pas réellement approprié.
En une minute, je peux dire « Chapeau bas, messieurs, pour le travail que vous faites. Je vous en félicite » et ça en dit beaucoup.
En une minute, je peux dire aussi : « Messieurs, vous faites mal à ce peuple par votre incompétence et votre inertie » et ca en dit tant…
En moins d’une minute, l’avion de ben ali a fait son décollage, et toute la Tunisie a basculé…et c’est un fait.
Mais avant le fait, y avait la PAROLE. Celle-ci n’a pas réellement besoin d’une minute. Un mot aurait suffit. Un mot, c’est une infraction de seconde.
La vie se perd en une infraction de seconde.
Soixante secondes (1minute) pourraient la sauver.
[i] TnAC c’est le hashtag choisi par les tweeples Tunisiens pour désigner l’Assemblée Nationale Tunisienne
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