Des semaines que nous sommes encore à un point où personne ne sait comment ca va finir. La crise politique fait sombrer une bonne partie de la population dans le désespoir. Ce sentiment que la révolution n’a fait que chasser Ben Ali…et basta…devient partagé et facteur d’inquiétude.
La majorité qui gouverne durant presque 2 ans ne donne aucun signe de réconfort pour le peuple. Les sonnettes d’alarme n’ont jamais cessé depuis des mois. L’échec est là, et l’entêtement d’y rester, encore plus.
L’opposition, disparate et hétérogène, faisait beaucoup de bruit, mais ne faisait pas mal. Tantôt inefficace, tantôt démunie, elle parait en manque de solution pour varier son action et la rendre plus efficace.
Mais faut-il plaindre les uns et les autres ?
Non.
Les 2 sont victimes de l’ère Ben Ali. N’oublions pas qu’ils étaient tous les 2 acculés à un rôle timide d’opposition réprimée et oppressée. Ben Ali et ses généraux, ont réussi à les éloigner de tous les rouages de l’Etat. Un élément capital pour expliquer l’incompétence d’une certaine fraction de l’actuelle classe politique.
Et ce n’est pas l’unique œuvre :
D’abord, ils ont réussi à créer une opposition focalisée sur la famille (et non sur le régime). De manière discrète et très timide, une fraction de cette opposition passait son temps à chercher les rares fuites des affaires de corruption et d’abus de pouvoir de la famille Zaba et son entourage (devenu au fil du temps, tentaculaire et très compliqué à décortiquer). Du coup, on ne cherchait plus à trouver des contre-propositions au programme Zaba, mais à fouiller dans des dossiers pouvant provoquer des scandales et des histoires « du bouche à l’oreille ».
Perdant ses repères naturels, cette même opposition trouve encore du mal aujourd’hui à sortir de ce piège.
Ensuite, ils ont réussi à mettre en place une administration stérile et inefficace, incapable de créativité. Le recours excessif aux concessions, la privatisation de certaines entreprises publiques, le recours au choix du financement international de nos projets économiques et l’implication de ses meilleurs cadres dans la corruption et la folle course à l’enrichissement, ont fait que cette administration, qui était une machine à créer des hommes d’Etat, ne le soit plus.
Vidée de ses meilleures compétences, cette administration pouvait à peine tenir encore ce semblant d’Etat, mais n’était plus capable de la faire avancer et développer. Aujourd’hui encore, elle parait une mise perdue.
L’opposition au régime Zaba s’est vue hissée, contre son attente et ses prévisions, au sommet de l’Etat. Divisée en majorité et opposition, elle souffre encore de cette ère. Ni l’une ni l’autre n’ont pu surmonter leurs rites hérités.
Ni l’une s’est montrée capable de bien gouverner, ni l’autre s’est montrée capable d’en profiter. Administration inerte et inefficace aidant, l’Etat est en mauvaise passe.
Et la situation ne parait pas en phase de résolution dans le prochain immédiat ou lointain, puisque plusieurs partis politiques (majorité ou opposition) refusent de tenir leurs congrès électifs empêchant ipso facto l’accès d’une nouvelle génération à la vie politique de premier ordre.
La Tunisie a besoin plus que jamais d’une nouvelle génération de politiciens présentant un « leadership » nouveau et innovateur. L’image qu’a laissé l’actuelle classe politique n’est pas rassurante et c’est une prise de conscience que certains devront avoir le courage de la faire.
Politiciens stériles…c’est politiciens inexistants…et si c’est le cas, il faut en créer.
Le model américain est très significatif.
Le leadership est parfois recherché en dehors du parti. Les ténors guettent les « chevaux » de bataille capable de la gagner et procèdent carrément à une opération de recrutement. Toute une machine pour la cadrer, l’encadrer et l’initier à la vie politique se met en marche.
Il y a une moralité à tenir de ce modèle : le parti est avant tout un cadre d’idées, de principes et d’intérêts. C’est la survie de ces concepts qui priment en premier lieu. La personne humaine n’est qu’un figurant ou un simple messager qui ne fait que les véhiculer et les transmettre.
Ce qui se passe chez nous est complètement le contraire. Le parti est avant tout une œuvre d’une personne ou une personnalité. Le parti s’identifie à la personne et non à l’idée. Et c’est fatal : à sa disparition ou sa faiblesse, l’œuvre s’écroule.
L’orgueil, l’entêtement et l’égocentrisme sont les éléments clés gouvernant le cadre partisan actuel, ou sa majeure partie. Que des facteurs qui vont à l’encontre de l’idée et du principe.
Un Etat c’est avant tout des partis (majorité et opposition) qui véhiculent des idées. Sans idées, y a plus de partis…et l’Etat ne pourrait être alors qu’un Etat de parasites.
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